Marier divers univers musicaux pour créer de nouveaux horizons, défricher des terres pour tenter d’audacieux crossover, tel est le pari orgueilleux de Visceral qui semble s’être nourri autant des nonchalances avant-gardistes de Travis Scott que du chant sublimement malade de Thom Yorke ou des grondements telluriques de Nirvana. En réalité, la culture musicale des quatre membres du groupe réunis s’étend à bien d’autres territoires, comme le metal cocaïné des Deftones, le rock expérimental de The Voidz, le hip hop marécageux d’UGK ou de Massive Attack, les fulgurances électro de James Blake ou les expérimentations industrielles de Trent Reznor.

Avec leur nouveau single foudroyant « Hypnose » Visceral plante son univers, entre spleen et street, vice et râle, et se tient à la lisière ténue et pas très fréquentée du rock / rap alternatif. « Hypnose », pur moment de vertige grunge/ hip hop, décrit bien ces angles morts de la conscience, ces moments de doute ou de déchirement. Des nuages gris-bleu s’amoncellent dans un ciel vide d’espoir, des basses lourdes et désenchantées soutiennent un flow vocodé et mélancolique, quelques notes éthérées de guitare épousent des rythmiques hip hop.

« La sensibilité, ça rend les gens vrais et beaux », exprime Deuza, chanteur et auteur de ce quatuor de vingtenaires basé à Toulouse. A cru, sans calcul, le groupe parle à notre moi intérieur malmené par une réalité et un futur glaçant, et c’est aussi trouble que troublant.

L’original étant que le destin ait mis en présence dans Visceral trois fines lames aux talents aussi différents que complémentaires : Deuza, originaire de Perpignan, charismatique interprète, que sa formation au piano classique et à la guitare avait poussé à mettre ses poèmes en musique sur ordinateur ; O2C, claviériste- compositeur initié au beatmaking et au mix des voix ; Yawata, guitariste et compositeur basé à Montpellier pour y suivre des études d’ingénieur du son avant de rallier la ville rose. La rencontre des deux premiers avec le troisième donnera naissance au groupe et à ce nom, Viscéral, aussi brutal qu’étincelant, complété par l’arrivée de Leo Zylla à la batterie.

Telle est l’ambition immense de Visceral : malaxer la pâte brute de leurs perplexités pour en extraire de l’or.

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