Jonathan Trullard – Mister Emma – Sofilm Summercamp – Nantes – ©misteremma.com

Ce mardi 22 décembre 2015 sort – à 18h précise – le dernier clip de l’artiste Tim O’Connor intitulé The Lizard. Jonathan Trullard dont je vous avais déjà parlé ici pour son projet Arrête ton cinéma en signe la réalisation. Rencontre.

Jonathan, peux-tu avant tout nous dire deux mots sur Tim O’Connor ?

J’ai rencontré Tim il y a presque trois ans maintenant, à l’époque je recherchais un musicien irlandais pour composer la musique de ma série documentaire « Arrête ton cinéma! » (arretetoncinema.com). Dernièrement, Tim m’a recontacté. C’est un anglais d’origines irlandaises vivant à Chambéry, il est très présent sur la scène musicale acoustique, contemporaine et irlandaise et « roots » en général. Il a également fait de nombreuses premières parties comme celles de Moriarty, Daby Toure ou Martin Stephenson.

Comment es-tu arrivé sur ce projet ?

Il y a donc trois ans Tim était intéressé par mon projet de série et bien qu’il soit anglais, sa musique a des couleurs très irlandaises. J’étais donc intéressé et il m’a invité chez lui dans les montagnes et depuis on ne se quitte plus. On a fait plusieurs projets ensemble, j’aime beaucoup son humour aussi, on est devenu proches dans nos collaborations. Nous avions convenu à l’époque qu’au lieu de le payer pour la musique originale de la série (Bird Flying Out of its Cage), nous ferions un « échange »: en échange je lui ferai un jour un clip sur un de ses futurs morceaux. Il m’a fait écouté The Lizard et j’ai choisi cette musique qui m’inspirait beaucoup. Voilà donc aujourd’hui son clip et je remercie vraiment Tim pour sa confiance totale, il m’a donné littéralement carte blanche! Ce qui me plait dans notre collaboration c’est l’association de deux univers très différents qui en crée ainsi comme un troisième.

Que raconte l’histoire ?

Ce film raconte une relation imaginaire, une joie de vivre fictive. C’est le rêve d’un jeune homme endormi fantasmant sur son ami (qui n’a visiblement pas la même sexualité que lui, ayant une petite copine). Ce film est donc un amour rêvé et ce garçon réalise en se réveillant qu’il préfère son rêve à sa vie. Dans ma tête, ce garçon tue son ami et sa petite copine à la fin, je le suggère par le fond sonore du générique de début. Mais ce film est totalement libre d’interprétation, rien n’est vraiment explicité.

Voici le synopsis que Jonathan Trullard a envoyé à Tim et à l’équipe lors de la pré-production du clip: deux amis rentrent de balade en scooter et profitent de la vie au bord d’une crique du sud de la France. C’est un début de soirée de mi-saison et les deux garçons boivent, dansent, fument, se baignent, ont froid et en rient. Une forte complicité, presque ambiguë, se ressent entre eux. Le plus jeune est réveillé par son amie, il la regarde d’un œil morbide et l’ambiance, glauque et triste, est celle d’un mauvais rêve.

Comment t’es venu l’idée de cette histoire ?

Comme beaucoup de gays, je crois, je suis un jour tombé amoureux d’un ami hétérosexuel. Ce qui a été souffrant pour moi, c’était que ce garçon était à l’époque mon meilleur ami, nous étions extrêmement proches mais sûrement pas encore assez pour que je me confie sur mes sentiments. Notre amitié s’est arrêtée lorsque je l’ai je crois cassée volontairement (donc tuée quelques part..) et lui j’imagine a dû comprendre pourquoi. Nous ne sommes plus en contact depuis des années… J’ai pensé un moment à lui dédicacer ce film au début du générique de fin, mais cela était trop derrière moi à présent. Bizarrement, pendant le montage de ce film, j’ai repris contact après des années avec son (maintenant ex-)petite amie, que j’appréciais beaucoup. Nous ne reparlons jamais de lui et je ne lui ai jamais parlé de tout cela.

Était-ce pour toi l’opportunité d’y réaliser un véritable court métrage ?

Oui disons que je n’aime pas les clips de musique non-narratif, ceux où l’on voit essentiellement le/la chanteur(-se) chanter devant un décor quelconque ou des danseurs faisant une chorégraphie lambda sur la musique, sans histoire. Je pense que le vidéo-clip est une réelle forme cinématographique, c’est d’ailleurs dommage qu’il ne soit pas considéré comme tel par une partie du milieu cinéphile (presque aucun festival de clips en France..). Certains clips sont de vrais courts-métrages, « College Boy » réalisé par Xavier Dolan pour Indochine en est encore un exemple récent. Pour « The Lizard » je l’ai conçu comme un véritable film oui, de par un scénario notamment, ou ne-serait-ce que par la présence de génériques à laquelle je tenais beaucoup.

C’est pour ce clip que tu as créer Les Films à Bulles ?

Non, j’ai créé « Les films à bulles » il y a 3 ans, pour ma série documentaire. A l’époque je pensais que la création d’une association de productions de films me permettrait d’obtenir des financements pour continuer « mon » cinéma. Je n’ai quasiment jamais rien obtenu et n’ai jamais été financé, faut dire que je suis mauvais à la recherche de financements, j’aurais besoin d’aide sur ça.. Ce clip m’a coûté environ 600 euros, c’est du CinéBricolage!

Que vas-tu y faire ? C’est quoi tes projets futurs ?

J’ai toujours espoir de trouver des financements pour continuer (ça me démange lorsque je ne suis plus sur un projet) mais j’ai besoin d’être entouré de personnes qui s’y connaissent plus que moi dans la recherche de financements.
Artistiquement parlant, je viens de faire faire le storyboard d’un nouveau clip que j’aimerais tourner avant l’été, c’est assez ambitieux alors il me faudra faire un crowdfunding au minimum. J’ai aussi comme projet une nouvelle série documentaire dont j’aimerais tourner juste un épisode pilote pour proposer à des producteurs, mais là le dispositif est assez complexe vis à vis de la question du droit à l’image. Enfin, un court-métrage bien sûr.. J’ai quelques idées qui se dessinent.. Mais là j’ai besoin de réels financements, ce ne sera sûrement pas pour tout de suite malheureusement. Ce que je sais, c’est que mon premier court-métrage sera une histoire d’amour.

 


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