La lutte est virilité, muscles et sueur. Au Sénégal, elle est bien plus qu’un simple combat. Elle est aussi symbole de réussite, phénomène social et enjeu financier. Pionnier de la danse contemporaine en Afrique, le chorégraphe burkinabé Salia Sanou s’est saisi de ce sport éminemment populaire pour le confronter à celui de la danse, en une espèce
de cérémonial en quatre tableaux. Sur la scène immaculée habillée de sacs de jute rouges, huit danseurs-lutteurs s’empoignent, se heurtent, se repoussent. Leurs corps d’ébène superbement mis en valeur exaltent force et souplesse, violence et grâce, puissance et fragilité. Salia Sanou utilise les rites et codes de la lutte :
il montre les regards, les tentatives d’intimidation, les parades. Quatre musiciens jouent en direct sur le plateau, guidés par la voix gutturale et chaude d’Emmanuel Djob (la révélation de The Voice II en France !). À l’instar des marabouts présents lors des compétitions en Afrique, ils encouragent les lutteurs, marquent le tempo, restituent l’esprit des fêtes et des sortilèges. Salia Sanou conduit une chorégraphie à la physicalité et à l’érotisme intenses, orgueilleusement virile mais troublante de sensualité. Un spectacle de danse porté par une extraordinaire énergie, qui ose les corps-à-corps, comme une lutte quasi mystique pour la survie, une ode ancestrale à la liberté.

Plus d’infos :
Charleroi Danses
65c boulevard Pierre Mayence. 6000 Charleroi
Date : 27 janvier 2017 – 20h
Première belge