DOCUMENTAIRE : « Bruxelles, une traversée urbaine » de Luc Jabon

Le film de Luc Jabon est un ensemble d’anecdotes sur l’évolution urbaine de Bruxelles, de la présence de la Senne à la piétonnisation des boulevards du centre. L’auteur écrit dans ses intentions : « Je voulais, avec cette traversée, “raconter” Bruxelles uniquement du point de vue de quelques unes de ses rues et espaces publics. (…) Je ne tenais pas à le faire à travers une voix-off. J’ai donc choisi une multiplicité d’intervenant.e.s dont les propos pouvaient, par leur diversité, entrer constamment en résonance.« 

Le problème c’est que l’ensemble de ces moments forme un fourre-tout incohérent où l’on aborde de nombreux sujets sans les développer. Prenons l’historien et écrivain Christophe Loir qui vous parle des pavés bruxellois et la séquence du camion lavoir pour sans-abris, il n’y a à mon sens aucun lien entre les deux. Il n’y en a pas non plus avec Vincent Peal, photographe et habitant-amoureux des Marolles. Le lien, c’est le vécu de ces gens avec les rues dans lesquelles ils se promènent et nous parlent mais Christophe Loir ne fait que lécher la thématique des pavés et on a envie d’en savoir plus. Le lavoir ambulant donnerait un formidable « Strip-tease » avec le talent de Jean Libon et Marco Lamensch. Vincent Peal mériterait une place dans « Plan Cult » de La Trois de la RTBF. Tour et Taxis mériterait un peu plus d’explications, … Vous l’aurez compris je suis resté sur ma faim à de nombreuses reprises dans ce fourmillement de récits.

Le documentaire de Luc Jabon reste néanmoins captivant car il nous apprend diverses anecdotes sur Bruxelles sans toutefois dévoiler de grands secrets que ce soit sur le comblement de la Senne ou sur la jonction Nord-Midi. Si l’équipe « archives » du film a fait un travail formidable, la présentation des images d’époque reste très classique et une incursion d’infographie aurait permis aux spectateurs de visualiser de quoi l’on parle à divers moments.

Par ailleurs, je me suis étonné lors de la vision presse du film de la pauvre qualité du son. Je citerais – pour argumenter ma remarque – la séquence chaussée d’Ixelles, et celle où Guido Vanderhulst se retrouve au milieu du trafic routier. On ne comprend rien de ce qu’il dit, alors on a l’impression que le caméraman lui demande de revenir vers la caméra et le son devient audible lorsqu’il monte sur le trottoir. Il discute ensuite devant la façade du garage Citroën et là, une voiture passe, fenêtres grandes ouvertes et musique à fond. Le réalisateur dit « on va la refaire parce qu’avec la musique…« . Cut ! Et Guido Vanderhulst poursuit. Est-ce une erreur de montage ? Un plan oublié ? Une volonté de fragilité de la part de Luc Jabon pour montrer son point de vue ? C’est en tout cas dérangeant et étonnant comme prise de décision.

Enfin, en tant que producteur et réalisateur de films d’architecture, je me suis rendu compte – une fois de plus – de la difficulté de filmer l’architecture et l’espace urbain. Les respirations en drone donne la force que le spectateur aimera voir. C’est d’ailleurs la première fois que j’ai découvert le survol de l’aménagement des Grands Boulevards.

« Bruxelles, une traversée urbaine » est un voyage politique, économique, urbanistique, sociétal, culturel et poétique de la Capitale belge.

Fiche technique
Titre : Bruxelles, une traversée urbaine
Réalisation : Luc Jabon
Genre : Documentaire
Date de sortie : 02/05/2019 (Belgique – Diffusion exceptionnelle à Bozar dans le cadre des 30 ans de la Région Bruxelles-Capitale et à l’occasion de la Fête de l’Iris)
Durée : 1h17

Affiche du documentaire « Bruxelles, une traversée urbaine » de Luc Jabon

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