Alors que j’étais à Charleroi pour mon exposition de photographies sur mon livre « Le chauffeur de la Route 66« , paru chez CEP Editions, T.B. vint me voir et me parla du film « Martin Eden » de Pietro Marcello. Son enthousiasme était tel qu’elle avait ouvert en moi un certain intérêt pour ce film et pour son acteur Luca Marinelli qui avait reçu le prix du meilleur acteur à la Mostra de Venise quelques semaines plus tôt.

« Martin Eden » est une libre adaptation du célèbre roman de Jack London, paru en 1909. C’est d’ailleurs ce livre qui sauva le personnage d’Antoine (Guillaume Canet) dans « La Belle Epoque » de Nicolas Bedos !

Au cours du 20ème siècle, le parcours initiatique de Martin Eden, un jeune marin prolétaire, individualiste dans une époque traversée par la montée des grands mouvements politiques. Alors qu’il conquiert l’amour et le monde d’une jeune et belle bourgeoise grâce à la philosophie, la littérature et la culture, il est rongé par le sentiment d’avoir trahi ses origines.

T.B. m’avait gentiment invité à rencontrer le réalisateur Pietro Marcello à l’occasion de sa venue en Belgique lors du Festival du Film à Gand (Film Fest Gent) où il venait de recevoir le prix spécial du Jury comme meilleur réalisateur des mains de Joachim Lafosse. Un nouvel honneur qui ne fait que compléter la liste déjà longue des critiques très positives (Le Monde, Télérama) que l’on peut lire dans la presse et sur le net.

Le début de la journée de cette rencontre gantoise s’était plutôt bien déroulée : un gentil film le matin (« Retour à Zombieland« ) en vision presse, une sympathique rencontre avec l’acteur Vincent Rottier pour le film « Sympathie pour le diable » de Guillaume de Fontenay dans les locaux de la RTBF et me voici en terre flamande pour rencontrer Pietro. A la descente du train, je passe par un parc où je découvre que c’est journée de baptême pour les étudiants. Je vous aurais bien ramené une image mais un jeune homme m’a sauté dessus pour que j’efface immédiatement toute trace de cette initiation privée en publique.

Je ne sais pourquoi mais suite à cet événement une immense angoisse m’a envahi et c’est dans ces conditions que j’ai retrouvé T.B. et Pietro Marcello sur la terrasse du bar du festival en face du Kinepolis. Il faisait beau et doux. Le soleil commençait sa descente pour aller se coucher. La lumière était belle. Pietro était plutôt angoissé à l’idée de faire une nouvelle entrevue filmée. Il déclara que son anglais et son français étaient imparfaits et qu’il aurait préféré répondre en italien. Le film est exigeant et les réponses demandent une fluidité dans une langue que l’on maîtrise parfaitement.

J’accepte le défi, je trouve un lieu verdoyant non loin de la terrasse, j’installe ma caméra et les micros et lui demande de se présenter afin de vérifier que la technique fonctionne à merveille.

Ma première question se focalise que l’adaption du roman. Pourquoi ? Est-ce compliqué à le faire ? Et pourquoi avoir abandonné la Californie d’origine pour placer le héros dans un Naples qui pourrait être n’importe quelle ville portuaire d’Italie ou d’ailleurs.

Martin Eden désire quitter son rang de matelot pour devenir écrivain. Contre l’avis de son entourage, il se forge à l’écriture et se laisse le temps pour parvenir à atteindre son ambition aidé par l’amour de Elena Orsini.

Arrivé à ses fins, il devra faire face à ses origines, à l’évolution des acquis sociaux, aux mouvements de société qui bouleversent le quotidien des ouvriers. Pour illustrer les sentiments de son héros, Pietro Marcello use et abuse dans un premier temps de musiques et ensuite d’images colorées aux filtres. Martin Eden part à la dérive, il perd son amour pour tomber dans les bras d’une autre. Ses convictions vacillent tout en se renforçant.

L’amour et l’apprentissage par la vie plutôt que par l’école seront mes prochaines questions.

Nous parlerons également de la réalisation qui, pour moi, semble sortir tout droit d’un univers cinématographique d’un temps passé. Le découpage se veut proche des acteurs où Pietro Marcello aime montrer les portraits. Son imaginaire donne du corps et de la force à l’histoire. Dérouté dans un premier temps, on reste fixé à l’écran face à la force de l’interprétation de Luca Marinelli.

Nous parlons de tout cela et je l’en remercie. Pietro a l’air content de cet entretien, moi je le suis et je rentre à Bruxelles serein… jusqu’au moment où je télécharge les images sur mon ordinateur et me rend compte que la carte mémoire a eu un souci. L’interview s’est arrêtée nette lors de ma troisième question ! Rien. Aucune matière. Tout ce qui a pu être sauvé vous a été livré dans cet article, le reste restera un souvenir pour Pietro et moi…

Fiche technique
Titre : Martin Eden
Réalisation : Pietro Marcello
Avec : Luca Marinelli, Jessica Cressy, Carlo Cecchi, Marco Leonardi
Pays : Italie
Genre : Drame
Date de sortie : 16/10/2019 (France) – 06/11/2019 (Belgique)
Durée : 2h08
Récompenses : Meilleur acteur pour Luca Marinelli à la Mostra de Venise 2019. Prix spécial du Jury pour meilleur réalisateur au Film Fest Gent 2019.

Affiche du film « Martin Eden » de Pietro Marcello
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