Statue Jacques Brel – Place de la Vieille Halle aux Blés – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 0
En raison de la pandémie du coronavirus Covid-19, les autorités française ont décidé le confinement le 17 mars 2020 dès midi. Le lendemain, c’était au tour de la Belgique de décider de confiner sa population.
Cette situation m’a inspiré ce texte que j’ai publié le 18 mars 2020 sur mon compte privée Facebook :
La Belgique vit une journée historique : le royaume a un gouvernement fédéral de plein exercice dont le premier ministre est pour la première fois de son existence une première ministre. La première mesure prise par Sophie Wilmes est de confiner l’ensemble de son peuple chez lui. Elle a été aidée dans sa tâche par tous les partis dits démocratiques. Les partis extrémistes n’ont pas voté la mesure. Les médias du royaume, les éditorialistes et les belges en général louent avec ferveurs les grandes qualités de leur première ministre à diriger le pays.

Depuis lors, je tente de retranscrire mon ressenti de la situation avec une publication quotidienne dont voici la retranscription.

Avenue du Roi – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 1
Les médias traditionnels ont salué le bon comportement des belges et des français en général. Par contre, les réseaux sociaux ont dénoncés les promeneurs-picniqueurs dans les parcs belges et le marché de Barbès (Paris) bondé.

Lorsque le Premier Ministre Edouard Philippe déclare qu’il vaut mieux ne pas se rendre à l’enterrement d’un proche mais ne parvient pas à fermer un marché sous couvert de « il faut bien que les gens s’alimentent« , les internautes s’énervent.
La vision belge de ce problème est la suivante : tous les marchés sont fermés sauf dans les régions (entendez villages) où il n’y a pas de magasins d’alimentation.

Dimanche, Brigitte Macron, se promenant elle-même sur les quais parisiens, avait été choquée de voir autant de personnes profiter des premiers rayons du printemps en sortant des isoloirs du premier tour des élections Municipales. Et hop, le lendemain, son mari avait tout fermé.
De son côté, la Première Ministre Sophie Wilmes trouve que le belge doit s’aérer et trouve normal de faire son footing seul ou à bonne distance de son pote de course. Donc, en somme tout va bien sauf que les internautes dénoncent les souffles des joggeurs qui passent à leurs côtes sur les trottoirs de Bruxelles.

Galeries Royales Saint-Hubert – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com
Galeries Royales Saint-Hubert – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 2
Je suis sorti pour aller acheter du chocolat (aliment de survie). Quelle ambiance étrange dans ce Delhaize où les gens vous épient, vous évitent. J’espère que les réalisateurs prennent des notes et documentent ce moment unique car les films catastrophes de l’après Covid-19 ne seront plus les mêmes ! Note pour plus tard : mettre un gant différent à chaque main et mettre du gel hydroalcoolique pour les nettoyer…
La moitié des personnes que j’ai croisé en rue porte un masque. Quelqu’un peut-il m’expliquer comment toute la population à des masques et pas les médecins, les kinés, les policier.e.s ou les caissier.e.s ?
Pendant ce temps, les médias français, ne sachant plus trop quoi dire, cherchent la nouvelle polémique du jour, celle qui remplira la une du journal : Il y a deux jours, c’était la « mascarade » d’Agnès Buzin. Hier, c’était ce gilet jaune qui faisait le buzz en pensant avoir trouvé LA vérité. Et aujourd’hui ? Ça tente de chauffer avec le nombre de morts qui continue à augmenter alors que tout le monde est confiné depuis à peine 48h ou encore l’expertise de la Corée du Sud (qui grâce à sa technologie à éviter le confinement) est mise en avant, et puis il y a toujours ce manque de masques. « Il faudra rendre des comptes » crient l’opposition.

Grand Place – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 3
Bonne nouvelle, des masques sont arrivés tant en France qu’en Belgique.
Et pendant ce temps, une « amie » Facebook doute sur son mur : pourquoi aucun de ses 4000 ami.e.s n’a le coronavirus et aucun d’eux.elles ne connait d’ami.e.s qui l’a. Peut-être parce que cette personne n’a pas posé la question à ses amis car perso, ma « rhino-pharyngite » ne se soigne toujours pas… Ma toux diminue mais reste présente tout comme mes maux de tête. Après 15 jours, je termine le deuxième flacon de sirop et les dafalgans sont mes amis au quotidien. Et depuis hier, on dénombre un nouveau cas positif au Covid-19 dans la famille.
Alors la prochaine fois que cette personne doute, je lui conseille d’abord de demander des nouvelles de ses 4000 ami.e.s… et de leur proposer de les aider le cas échéant plutôt que de propager des messages complotistes…
En parlant d’aide, j’ai contacté l’ami de mes parents (92 ans) pour avoir de ses nouvelles et ai été étonné qu’aucun de ses voisins ne vienne lui proposer de l’aider. Il n’en a pas encore besoin mais la semaine prochaine, il prendra sa voiture pour aller faire ses courses et la seule personne qui puisse l’aider dans cette tâche est mon père (82 ans) ce qui n’est pas vraiment une solution.
Il me racontait que cette situation lui faisait penser à la guerre 40-45 où, aux premières heures, les gens faisaient des achats de panique et ensuite, il se souvient des personnes les plus aisées qui prenaient leur voiture pour fuir les villes assiégées. On voit les mêmes images de nos jours sauf que l’ennemi étant invisible, la mer, le bateau, la forêt ne sont pas spécialement les lieux les plus sécurisés pour être sauvé… et pour sauver les autres. Pensons à tous ces milanais partis en week-end et qui ont contaminé des milliers de personnes à travers l’Italie avec les conséquences que l’on connait aujourd’hui (plus de 4000 morts à ce jour avec 627 nouveaux cas rien que pour la journée d’hier).

En France, 1 million de francilien à quitté Paris le jour du confinement…

Quoiqu’il en soit, la Première Ministre belge Sophie Wilmès a rappelé les règles de confinement pour le travail et pour les loisirs : et oui, en Belgique, on peut aller se promener, faire un jogging, sortir le chien, faire du vélo mais après son « activité », on rentre chez soi. Ce qui signifie, a-t-elle précisé qu’on n’est pas là pour flâner ou bavarder en groupe dans un parc. Le maître mot étant : on se déplace à bonne distance.

Place de la Bourse – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 4
Connaissez-vous Kim Glow ? Cette jeune fille a été popularisée par ses apparitions dans « Les Marseillais » ou encore « Les Anges de la téléréalité ». Tout a commencé lorsqu’elle a posté une vidéo dans laquelle elle narguait ses fans d’être dans une belle piscine chauffée alors que le confinement en France prenait place. Mais le lendemain, ayant peur de ne pas pouvoir rentrer dans son pays, elle a d’abord traité la Tunisie (le pays où elle se prélassait dans la piscine chauffée) de dictature et d’implorer en pleurs Emmanuel Macron d’affréter un avion militaire pour venir la chercher. Devenue la risée des internautes, elle leurs a répondu avec une nouvelle story Instagram dans laquelle elle déclare « Vous, après le coronavirus, vous allez reprendre votre petite vie de merde à travailler toute la journée pour un SMIC pour payer vos factures. Moi après le coronavirus, je peux me casser où je veux, comme d’hab’ aux Maldives, peu importe ! Moi ma vie est géniale. Donc votre haine, du moment que ça me fait gagner de l’argent, je m’en fous !« . Cette déclaration intolérable a déclenché un lynchage sur le web mais l’idiote aurait bien raison…
« Mais non ! Le monde aura changé après l’épidémie » Ah oui ? Vous êtes vraiment certain ? Les dérives boursières vont s’arrêter ? La planète va respirer ? La mondialisation sera basée sur la décroissance ? Les salaires seront équilibrés ? Les femmes auront les mêmes droits que les hommes ? Je n’en suis pas convaincu ! Ou est Greta ? Ou sont les gourous du marketing de la nouvelle économie ? N’est-il pas temps qu’ils sortent du bois pour nous imposer leur vision d’une économie plus verte, plus juste, plus collaborative ? Perso, je n’entends rien.

Manneken Pis – Rue de l’Etuve – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 5
Il semblerait qu’un vent d’optimisme souffle sur la Belgique (6 millions de masques sont arrivés cette nuit, le nombre de décès a baissé par rapport à hier).
Un espoir souffle aussi sur la lutte contre le virus : l’infectiologue marseillais Didier Raoult affirme sur base d’un essai clinique de 24 patients atteints du coronavirus que « la chloroquine guérit le Covid-19 » .
L’information s’est répandue rapidement dans les médias et notamment sur Fox News d’où Donald Trump a vu l’info et a immédiatement approuvé un recours massif à cet anti-paludique connu depuis de nombreuses années… sans attendre une étude plus poussée… car 24 patients, ce n’est pas vraiment un échantillon représentatif, si !?!
En France et en Belgique, les médecins de nombreux hôpitaux prescrivent déjà la chloroquine. Il est donc important de dire que son utilisation en milieu hospitalier est sans danger car contrôlé et qu’il est impensable que tout individu commence à s’auto-médicamenter car comme le dit Michel Cymes : « La médecine, ce n’est pas de la prophétie ni de l’intuition, c’est de la conviction. Et pour être convaincu de ce que nous disons et de ce que nous proposons pour enrayer l’épidémie, il nous faut des preuves scientifiques ».
N’en déplaise à Christian Estrosi qui s’épanche dans la médias pour dire qu’il a « le sentiment d’être guéri » par la chloroquine, rappelons que le meilleur remède actuel pour guérir du Covid-19 est de rester chez soi, de se reposer et de prendre un Dafalgan si besoin pour faire baisser la fièvre. Et ça marche pour la majorité des cas.
Pendant ce temps, Le traitement à la chloroquine a rejoint un essai européen de grande ampleur appelé Discovery. Cette étude devrait porter sur 3.200 patients en Europe dans laquelle sera testée l’efficacité entre autre d’un médicament anti-VIH (le Kaletra), d’un antiviral développé contre le virus Ebola (le remdesivir) et de la fameuse chloroquine. Les premiers résultats devraient être connus d’ici 6 semaines.

Bon sinon, Harvey Weinstein a attrapé le Covid-19 en prison (!) et le bon conseil du jour vient de Nabilla Vergara qui, dans un vidéo, conseille ses fans de se laver les dents avant de mettre un masque car sinon on pourrait s’asphyxier avec son haleine !

Place du Nouveau Marché aux Grains – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 6
14h. Rendez-vous est donné au rayon graines de chez Färm. Mon ami arrive. Je lui donne un paquet en cachette et lui murmure « Joyeux anniversaire !« . Là, un garde de sécurité nous crie « veuillez respecter la distance sociale« .
Non je ne vis pas à Gilead mais l’expérience « shopping » ressemble de plus en plus à celle dans « The Handmaid’s Tales« . Chacun vous regarde, vous épie, vous évite, vous craint, baisse les yeux à votre passage.

On dirait d’ailleurs que la présidente Zuzana Čaputová du nouveau gouvernement slovaque se croit déjà dans la série. Lors de sa prestation de serment ce samedi 21 mars, elle portait un masque assorti à sa robe rouge.

Ceci dit, mon expérience chez Färm fut certainement un de mes plus grands traumatismes de confiné ! Tout d’abord, c’est le seul magasin au centre ville où vous faites encore la file pour y rentrer. Après 15 minutes, je pénètre dans l’établissement où je suis venu acheter du Muesli. Pas de chance, il est en rupture de stock. Je décide d’acheter autre chose pour ne pas avoir fait la file pour rien… Je veux prendre des dates. Une cliente est déjà en train de se servir. Je patiente. Lorsque mon tour arrive, je me rends compte que je dois soulever un petit clapet et prendre la pelle pour me servir, deux éléments qui ont été touchés par tout le monde avant moi. Ensuite, je veux prendre des pommes et comme tout est en vrac, je me rends compte que n’importe qui a pu postillonner dessus ou les toucher. Pas de caisse automatique, la caissière touche tous mes produits avec ses gants et la glas sonne lorsque je suis obligé d’empoigner la clenche de la porte pour sortir du magasin car l’ouverture de la porte n’est pas automatique. J’ai envie de prendre mon écharpe qui se trouve au fond de mon sac mais chacun de mes doigts clignotent avec une tête de mort. Je préfère refroidir et rentrer chez moi à toute vitesse pour me laver 3 fois les mains. Lorsque j’avais été au magasin bio de Byrrh, des gants de chirurgie étaient mis à disposition de la clientèle. Tout le monde en avait, même le gamin qui accompagnait sa mère car il trouvait ça drôle. Imaginez le tas de gants à la sortie… On ne peut plus vraiment appeler ça écologique…

Rue des Eperoniers – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 7
Pascaline est une petite fille d’une 10zaine d’année. Lorsque je la porte dans mes bras, elle semble avoir 4 ans mais dès que je la dépose sur le sol, elle semble en avoir 10. Etrange.
Nous sommes tous les deux dans une soirée underground. Elle semble perdue et cherche sa grand-mère.
Je décide de l’aider dans ses recherches mais, je ne sais pourquoi – elle n’est plus à mes côtés. Je poursuis mes investigations de mon côté en montrant une photo de la gamine aux fêtards.
Cette discothèque est énorme : il y a des pièces partout… Enfin, je trouve la grand mère (qui ressemble bien plus à un vieux travelot qu’à une grand mère). Elle me dit : « Pourquoi me cherche-t-elle ? On avait rendez-vous au village à 1h42 !« . Je regarde ma montre, il est 1h37. Je dévale les escaliers pour retrouver Pascaline afin qu’elle soit à l’heure au rendez-vous quand soudain, la journaliste de Bel-RTL déclare : « un interne s’est fait mettre dehors de son appartement par ses co-colocataires car ils avaient peur qu’il ramène le Covid-19. Lorsqu’il est venu rechercher ses affaires, ses anciens colocs étaient en train de faire la fête avec des amis… » Putain ! J’ai perdu Pascaline J’éteins rapidement de radio-réveil. Il faut que je me rendorme. Impossible. La gamine est perdue dans mes rêves…

Place Saint-Jean – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 8
En parlant d’un patient porteur du Covid-19, on entend régulièrement aux infos dire « tout à coup son état de santé s’est aggravé« .
Le 8ème jour ! Le jour où tout s’emballe !
Dans un premier temps, le système immunitaire réagit immédiatement au virus en faisant un syndrome inflammatoire avec des symptômes.
Puis, les médecins ont constaté que vers le 8ème jour, il y a une sur-réaction de ce système immunitaire. Il s’emballe.
Il y a un décrochage dans les cas graves qui entraine une détresse respiration et qui mène les patients vers le service de ré-animation.
Pourquoi ?
Réponse de Gilles Pialoux (chercheur-clinicien, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon à Paris) : « L’hyper réactivité de la réponse du système immunitaire provoque le syndrome de détresse respiration aiguë. Là, il y a une inondation de cytokines dans les poumons. C’est pourquoi les médecins semblent privilégier une approche qui combine des anti-viraux et des régulateurs d’immunité pour combattre le virus. »

Rue des Dominicains – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com
Rue au Beurre – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 9
Je pense que le fait que Boris Johnson soit positif au coronavirus n’est pas un fait anodin. Remémorons-nous sa déclaration à la presse le 3 mars dernier : “Je serre des mains. J’étais à l’hôpital l’autre soir où je crois qu’il y avait des patients atteints du coronavirus, et j’ai serré la main de tout le monde, ça vous fera plaisir de le savoir. Et je continue à serrer des mains
Jouer avec sa santé est une chose mais jouer avec la santé de ses concitoyens en est une autre… N’est-ce pas Donald ? Les Etats-Unis sont devenus le pays au monde à compter le plus de cas recensés d’infection et l’on peut dire que l’épicentre de la pandémie s’est déplacée au pays de l’Oncle Sam. Mais Donald, lui, espère que les églises seront pleines de monde à Pâques car il adore cette fête…
Sinon, vous êtes nombreux.ses à me demander si mes voisines travaillent encore… Je n’ai toujours pas poussé le bout de mon nez pour aller voir mais voici déjà une réponse : https://www.rtbf.be/…/detail_prostituees-confinees-en-dange…

Rue d’Aerschot – Bruxelles confiné – ©misteremma.com

Jour de confinement 10
Ça y est la France et la Belgique ont décidé de prolonger le confinement jusqu’à la fin des vacances de Pâques (soit le 15 pour la France et le 19 pour la Belgique).

Pendant ce temps, la barre des 700.000 cas officiels de Covid-19 dans le monde sera dépassé ce week-end. Mais que veulent vraiment dire les statistiques ? En réalité tout et son contraire !
Prenons le taux de mortalité de 3 pays :
5,7% des malades infectés au Covid-19 meurent en France.
Ils sont 3,9% en Belgique et à peine 0,6% en Allemagne.
Cela signifie-t-il que les patients sont mieux pris en charge en Allemagne qu’en France ? Non, pas du tout ! Les Allemands effectuant un dépistage massif (500.000 tests par semaine), il est donc tout à fait normal que les malades ayant des symptômes bénins soient plus élevés dans les statistiques et donc diminuent d’autant le taux de mortalité.
Attention donc aux conclusions hâtives.
Et n’en déplaise aux apprentis médecins des réseaux sociaux, aux polémiqueurs complotistes de la toile et d’ailleurs, aux politiciens aventuriers d’une couverture médiatique, arrêtez de faire de la propagande et de rechercher des responsables. Concentrons-nous plutôt sur l’essentiel : vivre chez soi le mieux possible !
Et dans ce cadre-là, je dois bien vous avouer que je n’ai jamais aussi bien mangé que confiné : des légumes frais (note pour plus tard : je déteste le céleri), des petits plats mijotés avec amour, une baisse du stress, une « to do list » qui s’amenuise de jour en jour. Le soleil brille, les oiseaux chantent, le silence s’engouffre dans mes oreilles… Je respire !

Rue Antoine Dansaert – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 11
Les yeux des observateurs se sont définitivement tournés vers les États-Unis et plus précisément sur l’État de New York qui recense à lui seul la moitié des cas actuels américains. La situation y est catastrophique. Certains observateurs évoquent que la contagion serait venue du métro.
Pendant ce temps, Donald Trump continue à minimiser la dangerosité du Covid-19. Il est accusé de préserver l’économie plutôt que d’imposer le confinement.

Nombreux sont ceux qui lui reproche sa gestion mais lui continue à parler à l’aide de superlatifs. Je vous conseille d’ailleurs de regarder le documentaire qui lui est consacré sur Netflix et vous découvrirez que depuis le début de sa carrière, il applique cette tactique. C’est-à-dire ? Il a rapidement constaté que les journalistes reprenaient mot à mot ses paroles et donc dire : « Nous sommes les meilleurs, nous avons les meilleurs hôpitaux, … » est un message qui passera d’office dans la médias. Pour les quelques journalistes qui mettent en contexte ses propos, qui ouvrent un débat, qui défient sa parole de prophète, il les vilipende tout simplement. C’est ce qu’il appelle aujourd’hui les fake news. Et ça lui réussit plutôt bien.

Le mécontentement des démocrates, des Gouverneurs des États les plus touchés par le coronavirus, des citoyens qui se voient contraints de demander des aides de l’État pour survivre (+3,3 millions de chômeurs) et la teneur des élections présidentielles en novembre prochain obligent Donald Trump à changer son fusil d’épaule et à prendre des mesures fortes : vendredi 27 mars 2020, le Président des États-Unis a promulgué un plan historique de relance pour tenter d’éviter un plongeon de l’économie américaine dans une récession durable. Ce plan prévoit notamment l’envoi d’un chèque de 1200 dollars à de nombreux Américains, près de 400 milliards de dollars d’assistance aux petites entreprises, 500 milliards d’aide aux grandes sociétés, 100 milliards de dollars aux hôpitaux, 30 milliards pour financer la recherche sur les vaccins et traitements du Covid-19… (comme quoi il n’est plus aussi certain que la chloroquine soit le traitement miracle qu’il prodiguait il y a encore quelques jours à tout le monde) Il a également imposé à General Motors et à Ford la fabrication de 100.000 respirateurs artificiels. Il se dit qu’il n’aura pas besoin de tout ce matériel et se place en sauveur du monde : « nous pourrons les envoyer à nos pays amis qui en ont bien besoin« . En somme, toujours la même tactique du superlatif : ne pas montrer la gestion lamentable de la situation mais dire « nous sommes les meilleurs« .

Mais peut-être que cette aide arrivera trop tard : des médecins européens ont découvert que les masques de plongée distribués par la firme Decathlon pouvaient servir de masques respiratoire d’urgence ! L’idée est simplement d’adapter le masque avec des valves de respirateurs imprimés en 3D.

Les Américains se sont rués sur les armureries ! Files et ruptures de stock font la une des médias. La NRA a même saisi la justice pour garder les armureries ouvertes sous prétexte qu’il s’agit d’un commerce de première nécessité. Ce fait peut étonner les Européens que nous sommes. Nous sommes plus habitués à acheter du PQ et des pâtes en panique plutôt qu’une arme et pourtant un ami Américain m’explique : « Ici les gens sont payés à la semaine. Pas de travail, pas de revenus. Du coup, les gens et l’Etat ont peur que des Américains se retrouvent affamés et qu’une sorte de guerre civile en découle.« 

Rue des Bouchers – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com
Rue des Bouchers – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 12
Aujourd’hui, j’ai été filmer, avec mon équipe caviar.archi, la création d’une infrastructure qui permettra dès jeudi d’accueillir une cinquantaine de patients sans abris (qu’ils soient belges ou migrants) diagnostiqués positifs au Covid-19. Généralement, un malade du coronavirus doit resté confiné chez lui mais comme, par définition, un sans abris n’a pas de chez lui, il pourra rester dans un environnement adapté pour se soigner.

Cette insfrastrure pourra monter à 150 lits si le besoin s’en fait ressentir. Ce centre n’a pas pour objectif d’accueillir des cas graves qui, eux, sont immédiatement redirigés vers le 112.

Jour de confinement 13
Je commence à trouver le temps long…
Le réveil sonne à 8h mais j’ai envie de rester dans mon lit. Je ne prends plus la peine de m’habiller ou si, à 15h, après la douche. Je regarde ma liste de to do et commence à scroller tel un zombie Insta et Facebook. Je suis las de découvrir l’Artiste de demain en live sur le web. J’aimerais tant aller manger une glace avec mes amis.
A la télé, les rédactions tournent en rond : le chiffre du jour (800.000 cas dans le monde), la polémique du jour (100.000 masques commandés par la Flandre sont inutilisables), le tweet de Donald Trump du jour (il ne paiera pas pour la sécurité de Harry et Meghan), l’info Raoult du jour (l’agence française du médicament met en garde contre l’automédication à la chloroquine après 3 décès suspects),… tout est bon pour remplir le journal télévisé. Mais à quel moment faut-il passer au sujet d’actualité suivant ? Que sont devenus les migrants ? Viktor Orbán s’attribue les pleins pouvoirs en Hongrie, on en parle ? Ou est Greta ?
Il est 20h, les journaux montrent le bon peuple qui applaudit les soignants dans une mise-en-scène de plus en plus orchestrée (voir le journal de la RTBF). En parlant des soignants, cela me rappelle un texte que j’avais lu sur le web et qui disait : « vous donnez un million d’euros par mois à un footballeur et 1800 euros à une chercheuse en biologie. Vous cherchez maintenant un traitement. Allez voir Cristiano Ronaldo ou Messi et ils vous trouveront un remède ».
21h, il est déjà temps de passer à Netflix. Je scrolle encore et encore pour trouver une perle. 23h, épuisé, je m’endors devant la télé.

Quai aux Briques – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 14
Je me demande quand même à quoi ressemble un poisson d’avril dans une famille confinée ? Vous avez une idée ?

Et dans les médias ? Ils sont généralement partant pour distiller une info inventée dans leur édition du jour. Je m’attendais à lire des énormités sur le Professeur Raoult ou à voir les experts en video conférence avec un poisson accroché à leur veste. Et ? Rien ! Le coronavirus ne permet peut-être pas l’humour. Ah mais non ! Le 1er avril 2020 est reporté au 1er avril 2021. #blague. Il y a quand même des news drôles que j’ai vues : la ministre Maggie De Block a été verbalisée pour avoir organisé une lockdown party (DH), « Le Covid-19 est un fléau » (Donald Trump via Twitter), Sharon Stone (au saut du lit) donne des conseils pour « renforcer ses poumons » (video Instagram) ou encore « Des milliers de poisson pénis apparaissent sur une plage en Californie » (Le Monde)… mais ça, ce n’est pas un poisson d’avril.

Tout comme l’échange surréaliste qui s’est tenu ce 1er avril sur l’antenne de LCI.

Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cochin à Paris, demande à Camille Locht, directeur de recherche à l’Institut national de la Santé et de la Recherche médicale (Inserm) : « Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées ? ».

Réponse de Camille Locht : « Vous avez raison, d’ailleurs on est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d’approche, ça n’empêche pas qu’on puisse réfléchir en parallèle à une étude en Europe et en Australie »

Gloups !

Beaucoup plus léger… je devais me rendre à une soirée tout nu… Je vous explique : pour la deuxième année consécutive, mon voisin organise un « mercredi du fanzine » naturiste et c’est aujourd’hui que ça tombe… mal vu le confinement ! L’organisateur a, alors, décidé de lancer un défi aux membres du groupe et les a invités à poster une photo d’eux nus sur l’event Facebook. Voici mon résultat :

Facebook ayant décidé de censurer au fur et à mesure la participation collégiale, les postes restant visibles concernaient des illustrations de vieilles revues et d’ouvrages mettant le nu en avant. Voici quelques perles : la collection de brochures intitulées Enfantine écrites et illustrées pour les enfants publiait en juin 1950 « Le Petit garçon tout nu« , « le naturisme est-il un truc de riche ? » se demandait un trimestriel naturiste en 1969, « Bientôt les manifs à poils » titrait Charlie Hebdo en 1974, « Lambique nudiste » est le titre du 272ème album de Bob et Bobette, le sergent Chesterfield de la bande dessinée Les Tuniques Bleus criait à la une de Spirou en 1996 « Tout le monde à poil !« , Cavanna montrait sa petit bite sur la cover de sine mensuel en 2014, …

Rue du Marché aux Fromages – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 15
Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne face à la vague qui nous vient. Et je ne parle pas du virus mais de la crise économique qui va déferler durant le second semestre 2020 et pour les 10 prochaines années. La crise va redistribuer la carte des richesses et va en laisser bon nombre sur le carreau. Les femmes, les gilets jaunes et les syndicats peuvent mettre leurs revendications dans un tiroir car il va falloir survivre plus que de préserver un acquis. Alors bien sûr, il y a ceux qui n’auront rien vu car leur travail ou leur allocation de remplacement n’aura pas été impacté par le confinement mais que dire des indépendants qui ont du arrêter leur activité avec des frais et des charges qui s’accumulent sans rentrée pour compenser les pertes. Et que dire de la culture dont une bonne partie survit avec des aides publiques et avec le Tax Shelter. Ce dernier va fondre comme neige au soleil suite aux pertes de bénéfices des entreprises privées et va par effet de domino tuer des dizaines de projets artistiques.

Et si c’était le contraire ? Et si l’être humain se réinventait pour créer de nouvelles richesses (et je ne parle pas spécifiquement de croissance économique). Prenez mon ami M.P. qui allait fermer boutique car son carnet de commandes était vide. Il fut appelé par une grande enseigne de supermarchés pour produire des vidéos de recettes de cuisine prodiguées par des chefs étoilés confinés chez eux. Prenez tous ces artistes qui partagent leur art en live sur les réseaux. Prenez ces nombreuses initiatives qui mettent en avant le partage et l’entraide.

Chaque révolution n’implique-t-elle pas une nouvelle créativité, de nouveaux métiers, de nouveaux défis qu’il nous faut relever. Alors peut-être que l’on ne fera pas la même chose qu’avant mais le nouveau monde nous apportera peut-être plus de liberté, plus de bien-être. Plutôt que la recherche d’une richesse financière et d’une gloire, cherchons d’abord à être heureux dans notre quotidien car d’un claquement de doigts, tout peut s’arrêter. Soyons créatif et inventons notre futur pour qu’il soit meilleur pour nous, pour les autres et pour la planète qui, grâce au Covid-19, aura eu quelques semaines de répit.

Rue du Midi – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 16
Je vous parlais de statistiques l’autre jour et de l’interprétation (erronée) que l’on pouvait en faire. Comme ces chiffres sont mon dada, je voudrais revenir sur ces statistiques, jour où le cap du million de personnes infectées a été atteint dans la monde et jour où le cap des 50.000 décès a été recensés.

1.000.000 ! Vous vous rendez compte ! C’est énorme ! (il faut frapper la conscience du peuple, musique d’angoisse dans les oreilles) Si l’on divise les 50.000 décès par le million de personnes infectées ont arrive à un taux de mortalité de 5%.

5% ! Vous vous rendez compte ! C’est énorme ! Oui, et en même temps…

Les journaux télévisés révèlent que le décompte des décès de la Chine est sous-évalué, même constat en France où le nombre de décès dans les Ehpad n’est pas pris en compte. Même constat aux Etats-Unis où le pourcentage de décès n’est que de 2% par rapport au nombre de personnes officiellement infectées. Ce pourcentage devrait donc être bien plus élevé ! (musique d’horreur).

Oui… mais ! Dans le même temps, de nombreux pays ne testent pas sa population en masse comme la Belgique ou la France. Si nous faisons le même calcul sur l’Allemagne où la population est testée massivement, le pourcentage de mortalité tombe à 1%. (douce musique)

Puis-je en conclure que si on reporte ce pourcentage à la population mondiale… il y aurait donc 5.000.000 de personnes infectées dans le monde ?! (re-musique d’horreur). Oui mais avec 99% de personnes qui guérissent (musique douce).

Comme quoi, on peut jouer avec votre angoisse et votre peur en analysant les chiffres d’une manière ou d’une autre. Il en est de même avec le traitement de l’information. Avez-vous remarqué que les partis politiques anti-migrants parlent toujours en nombre global (« Nous sommes envahis ! Il y a x centaines ou milliers de personnes qui ont franchi nos frontières cette semaine…« ). A l’opposé, les organisations pro-migrants communiquent avec un visage plutôt qu’avec un chiffre abstrait (on nous montre une personne pour démontrer qu’elle est un individu identique à nous). Il en est de même avec le coronavirus. Afin de jouer avec vos peurs, la communication se fait sur les individus pour donner un visage à la mort (ça pourrait être vous) : le premier policier décédé, le premier ado ou le bébé de 7 mois. Et dans le sens contraire, pour rassurer et donner de l’espoir, on vous parle du monsieur de 101 ans qui se rétablit en Italie.

Entre les communications orientées et les fausses informations qui circulent sur le web, il est bien compliqué de s’en sortir avec ses propres sentiments et de se forger une conviction.

Rue du Midi, rue de Tabora – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 17
21 degrés annoncés pour ce week-end, je sens que l’excuse « j’peux pas, j’ai jogging » va être fortement utilisée pour expliquer les sorties hors de chez soi.

Alors, on rappelle les règles du confinement pour les étourdis : une activité physique en extérieur (se promener, courir, faire du vélo) est permise et même conseillée (oui, oui. C’est Sophie qui l’a dit) pour autant qu’elle se pratique proche de chez soi (sans prendre sa voiture) seul, avec un.e ami.e ou avec un membre de sa famille vivant sous le même toit et en veillant à respecter les distances sociales (1,5m d’écart). Donc, oui, vous pouvez vous promener en ces beaux jours de printemps mais vous ne pouvez pas faire de rassemblement, d’activité en groupe, vous asseoir sur un banc, allez jusqu’à la butte du Lion à Waterloo alors que vous habitez à Uccle ou encore prendre un bain de soleil sur la pelouse du parc.

Bien évidemment, je sens que l’image qui va marquer les esprits sera celle d’un parc bondé de gens mais, c’est le même thème que mon propos d’hier, si vous zoomez sur cette image et que vous braquez le focus sur une personne qui se promène ou fait son jogging, vous n’y verrez plus aucun souci. On respire !

Pour ma part, je m’en vais faire une tartiflette. Oui, je sais ce n’est pas un plat de saison mais j’ai des pommes de terre qui trainent et un reblochon qui embaume mon frigo ! Bon appétit.

Rue Léon Lepage – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 18
Je vous parle des masques ? … puisqu’il semble maintenant acquis que nous devrons en porter lors du déconfinement partiel dans les prochaines semaines.
Il s’agit en tout cas d’un changement radical de discours des autorités : d’abord décrié (« ce n’est pas nécessaire si l’on n’est pas malade ») pour faire face à la pénurie de masques, il semble aujourd’hui être devenu « une addition logique aux mesures barrières actuellement en vigueur ».
Les américains préconisent même une simple écharpe ou un bandana alors que les médecins répétaient en boucle dans les médias français au début du confinement que la plupart des tissus n’empêchent pas les gouttelettes de traverser.

Voilà en tout cas, un nouveau business qui va fleurir dans les prochaines semaines : la création de masques… tendances pour devenir le « must have » de l’accessoire mode. A vos machines à coudre !

auto-portrait Mister Emma – ©misteremma.com

Jour de confinement 19
Je me réveille en entendant que le Premier Ministre britannique est hospitalisé. Cette info est quand même le retour du karma d’un type qui a construit sa renommée internationale sur le mensonge.

En 2016, lors du référendum sur le Brexit, Boris Johnson, alors Maire de Londres, n’a cessé de répéter que la contribution hebdomadaire du Royaume-Uni à l’UE était de 350 millions de livres et que cette somme pouvait être utilisée pour financer le Service de santé national à la place. Cette info s’est rapidement répandue à travers le pays et a pesé lourd dans le choix des britanniques lors du vote. Au lendemain du référendum, Nigel Farage, chef du parti d’extrême-droite, avait reconnu au micro des journalistes de Good Morning Britain « une erreur » de la part du camp de Leave Europe. Il y reconnaissait qu’il « ne pouvait garantir ce transfert d’argent », qu’il « ne pouvait tenir cette promesse ». Fin mai 2019, Boris Johnson fut convoqué par la justice pour délit de « mensonge au public » mais, une semaine plus tard, la Haute Court de Londres décida de rejeter la citation à comparaître du juge du tribunal londonien de Westminster convaincue par les arguments de La Défense sans vraiment en apporter une réelle motivation. L’affaire fut classée, Boris Johnson devint Premier Ministre le 24 juillet 2019 et, après d’interminables négociations, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne fut effective au cours de la nuit du 31 janvier au 1ᵉʳ février 2020.

Le 3 mars 2020, Boris Johnson minimisait la dangerosité du Covid-19 et se ventait de serrer des mains. Il pariait sur l’immunité collective mais, après de nombreuses réticences à prendre des mesures privatives de liberté, le confinement fut finalement instauré le 23 mars. Le vendredi 27 mars, le Premier Ministre révéla avoir été testé positif au coronavirus SARS-CoV-2 et ce dimanche 5 avril 2020, il fut hospitalisé pour présence de symptômes persistants de la maladie.

Pendant ce temps, l’exécutif français n’en finit pas de tendre le baton pour créer des polémiques : après le rétropédalage sur le port du masque, voilà qu’il lance le sujet du tracking à visée médicale. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’est dit favorable à la méthode ce dimanche 5 avril au Journal de 20h de France 2.

Et la communication de la famille royale belge depuis le château de Laeken, on en parle ? « Courage Samen Sterk » a-t-elle écrit sur sa pelouse en oubliant que ses fidèles sujets n’ont pas un parc pour se confiner… #badbuzz

Finalement, de ce week-end, on préfèrera retenir l’allocation historique et touchante de la reine Elisabeth II et l’allocution grave et rassurante de la Première ministre belge Sophie Wilmès.

Rue Belliard – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 20
Ma liste de to do est vide ! Ça y est.
Je tourne en rond. Je m’ennuie. Je mange un bout de chocolat.
J’observe la floraison de ma tulipe. Je m’ennuie. Je m’arrache une crotte de nez.
Je regarde par la fenêtre. Des murs m’entourent. Je m’ennuie. Il n’y a plus de chocolat. Je mange ma crotte de nez.
Non, il va bien falloir que je me fasse à l’idée et que j’entame le pot de 10kg de peinture blanche que j’ai acheté au Brico juste avant le confinement.
Mais, pas d’empressement, hein ! Je vais encore procrastiner un peu. On verra ça demain…
D’ici-là, je me demande si je n’irais pas acheter une douzaine d’oeufs et les colorier. C’est les vacances de Pâques, finalement.

Jour de confinement 21
Complément fou !
Voici une histoire vécue hier sur la place de Brouckère :

Un éboueur prend son smartphone et filme la place vide. Deux dames s’approchent de lui et commencent à l’insulter : « Pourquoi tu filmes mes enfants !? ». Le type étonné reste bouche bée. « Euh, je ne filmais pas vos enfants, je filmais la place pour montrer à ma famille comment elle est vide ». Les dames n’en démordent pas : « C’est ça ! C’est pour ça que tu suivais mes enfants avec ton téléphone » (le type faisait donc ce que l’on appelle un panneau pour balayer l’ensemble de la place). Là, intervient un monsieur qui passait pas là et dit « oui, mesdames vous avez raison. C’est comme ça que font les pervers pour filmer les enfants ».
Les dames ont appelé la police.

En parlant d’histoire de fous, cela me rappelle cet Américain qui est mort après avoir ingéré un nettoyant pour aquarium à base de chloroquine ! Ben oui, c’est ça aussi l’être humain. Donald Trump lui a dit « prends de la chloroquine, tu ne mourras pas du coronavirus ». Il a pris de la chloroquine.

A ce sujet, je me suis fortement énervé hier sur un message Linkedin du boss de la marque Naf Naf. Je pensais que les internautes qui se prenaient pour des médecins en propageant le marketing agressif du Professeur Raoult n’intervenaient que sur Facebook… mais non ! Même Linkedin n’est pas épargné. Et si une bonne fois pour toute, on laissait les médecins faire leur travail !? Vos lectures sur Doctissimo ne remplaceront jamais leur cursus d’étude. Je vous le garantis.

Marketing agressif ? Oui ! j’insiste. Lorsque je vois qu’il a pris rendez-vous avec Jean-Marie Bigard pour faire une vidéo avec lui et s’assurer 2 millions de vues de propagande, on est quand même très loin de la sphère médicale. Heureusement que Hanouna confiné ne fait plus d’audience et que Morandini est sorti des radars sinon les deux têtes de gondole du groupe Canal auraient fait du Professeur Raoult leur vedette fil rouge. Voilà où en est arrivé la recherche scientifique en France. Quelle tristesse ! Et loin de moi l’idée de dire que la chloroquine fonctionne ou ne fonctionne pas, loin de moi l’idée d’affirmer qu’il y a ou qu’il n’y a pas de pressions des groupes pharmaceutiques. Ceci n’est pas mon propos. Je pense juste qu’il faut sortir cette question de la sphère passionnelle. J’attends simplement des conclusions probantes d’études internationales.

Avec ce matraquage et l’atmosphère dans laquelle nous vivons confiné, demain, les médecins seront menacés par des familles car ils ne prodiguent pas de la chloroquine à leur parent malade. Et si ce n’était pas LA bonne médication pour ce patient-là ? « Ben si, le lobby Facebook l’a certifié. C’est LA solution miracle »… faisant fi des nombreuses recherches internationales en cours dans le monde sur plusieurs molécules (dont la chloroquine).

Alors, retournons à nos fenêtres applaudir à 20h et de grâce, foutons-leur la paix et laissons les travailler. Les médecins et les infirmier.e.s ont déjà bien assez de pression sur les épaules que pour en ajouter encore plus.

Place de Brouckère – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 22
Je lèche Gaston avec envie car je soutiens le commerce de proximité 🙂
La belle excuse.
… car je suis un petit gourmand en fait et je ne devrais peut-être pas quand on sait que 83% des patients (atteints du Covid-19 en France) qui se retrouvent en réanimation sont en surpoids ou obèses.

L’événement que l’on retiendra de ce mercredi 8 avril est la charge de Donald Trump contre l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « Ils se sont trompés » a-t-il déclaré la veille via Twitter. Les observateurs occidentaux et ses détracteurs américains y voient une tentative de se dédouaner de ses propres tergiversations. Et si la cause était autre ? D’autres analystes voient dans la menace de suspendre la contribution américaine dans le fonctionnement de l’agence des Nations Unies une volonté de pousser l’OMS à enquêter sur les débuts de l’épidémie. Washington demande à l’OMS d’être plus transparente, l’ancien-conseiller de Donald Trump a déclaré que l’OMS était « un complice de la flagrante opération de dissimulation du Covid-19 par la Chine ».
Voici donc peut-être une guerre qui ne dit pas son nom, celle entre les Etats-Unis et la Chine.
Le Patron de l’OMS a appelé à ne pas « politiser le virus ». Donald Trump lui a répondu qu’il l’avait déjà politisé fin janvier 2020 en critiquant sa décision d’interdire l’entrée sur le territoire américain de tous voyageurs en provenance de Chine.

Jour de confinement 23
En ce vendredi Saint, le Premier Ministre a rappelé les consignes de confinement : les lapin.e.s de Pâques sont interdit.e.s de sortie. Tout bond et saut entre 10 et 19h seront punis d’une amende de 135 euros. Seules les cloches en fonte viendront apporter les oeufs dans vos jardins.

Les syndicats voient dans cette mesure d’urgence une mise à l’écart des ouvrier.e.s au profit des machines et s’en inquiètent.

Le gouvernement précise que les œufs seront munis d’une puce afin de tracker les plus gourmand.e.s d’entre vous. Le taux de sucre dans le sang sera mesuré automatiquement et lorsque votre glycémie sera supérieure à 1,26 g/l, votre QR code passera à l’orange.

A ce stade, vous recevrez d’office un kid de protection comprenant un masque en tissu et un flacon de gel hydroalcoolique mais les privations liées à une mauvaise couleur de votre QR code peuvent aller jusqu’à la rétrogradation de votre tour chez le coiffeur.

Bon week-end de Pâques.

Jour de confinement 24
Il était une fois un (faux) Roi qui sentant le vent tourner s’empressa d’aller voir Raoult, le sorcier fou. « Mon peuple l’aime, ça pourrait me faire gagner des points de popularité » se dit-il, « et puis, l’ancien directeur de l’Institut Pasteur (Patrick Berche) a bien déclaré à la télé qu’il demanderait de la chloroquine s’il était malade du Covid-19. On ne sait jamais qu’ça marche et qu’il reçoive le Prix Nobel. Vaut mieux être dans son camp ».

Alors que tout semblait sous contrôle avec le nouvel amiral Sophie, la crise tourna au vinaigre dans le pays voisin lorsqu’on atteignit le cap des 3.000 décès. Super Maggie chercha une parade dans son vestibule nasal et dit : « Je vais acheter des masques ! » mais les masques furent déclarés non conformes. Alors l’armée fut appelée en renfort dans les maisons de retraite où l’on découvrit que 40% des décès provenaient directement de ces établissements sans passer par la case soins intensifs des hôpitaux.

Pendant ce temps, la récession s’installait un peu partout en Europe qui fut contrainte à s’entendre sur un montant de 540 milliards d’aides.
Cette bonne nouvelle annoncée, chaque pays chercha une solution pour offrir un déconfinement à son peuple : il faudrait un masque pour chacun, un test pour chacun. Cette solution semblant utopique, on demanda à l’évangéliste Kenneth Copeland de faire « Pfffffff. Amen » (à prononcer avec un accent texan) devant sa télé pour qu’il éradique le Covid-19 en Europe comme il l’a fait aux USA.
Ah, on me dit qu’il n’a pas réussi. Pardon.

C’est alors que le (faux) Roi eut une idée de génie, il décida de détourner l’attention et d’offrir une grande fête populaire au Monde entier : il organisa le deuxième tour des Municipales… Ah non, c’est pas ça ! Il organisa une Grande Boucle comme symbole du retour à la vie normale et comme démonstration de la force de son Pays. Le peuple était en joie et but une bière en regardant les cuisses fermes des coureurs en Lycra.

Grande Boucle – Bruxelles – ©misteremma.com

Jour de confinement 25
L’économie a bu la tasse. Nous sommes en récession. Chaque secteur d’activité demande de l’argent magique. Vous voyez ? Celui de la planche à billets virtuelles.
« Il y en aura pour tout le monde ! » a assuré le gouvernement… enfin plus ou moins quoi…

Pour la culture, la chaîne publique a décidé de créer une émission de radio qui diffusera des artistes du terroir. Cette formidable initiative sera diffusée à… 5h du matin. Autant dire que les saltimbanques du Royaume ne sont guère heureux. (lire la lettre de FARCIR.be)

Pourtant à y regarder de plus près, ils sont quand même la seule échappatoire à l’ennui et le vecteur de levées de fonds importantes pour la recherche. Alors pourquoi n’arrivent-ils jamais à gagner de l’argent (pour la grande majorité) ? Pourquoi doivent-il diffuser leur création sur YouTube gratuitement, pourquoi leur lives sur Instagram ou sur Facebook ne sont-ils pas rémunérés ? Pourquoi trouvons-nous normal de payer le déplacement du plombier pour qu’il nous mente sur la pièce qu’il faut changer et de ne pas payer le travail de celui qui nous apporte les émotions qui nous font vivre ?

Alors ce soir à 20h, vous pouvez applaudir pour le personnel soignant, pour les éboueurs, pour le personnel des supermarchés, … ET aussi pour ces hommes et ces femmes qui vous font vibrer au quotidien dans votre coeur et dans votre âme. Ils en ont aussi besoin.

Petite ceinture – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 26
Il était une fois un Royaume qui avait le frite. La politique n’était pas son fort et s’il aimait multiplié les gouvernements, il savait franchement s’en passer.

Il avait néanmoins nommé une femme extraordinaire à la tête d’un gouvernement d’urgence pour gérer une pandémie. Chacune de ses prises de parole était fortement appréciée et sa gestion de la crise du coronavirus était saluée par tou.te.s. L’image était celle d’une gestion maitrisée des lits en soins intensifs dans les hôpitaux du pays mais, plus de 20 jours après le confinement, les médias se demandèrent pourquoi le nombre de décès était si élevé et là, le gouvernement du avouer : oubliés dans les maisons de retraite, livrés à eux-même, sans protection et sans respirateur en suffisance, 42% des patients Covid-19 décédés n’avaient jamais passé la porte d’un hôpital.
Oups !

L’après ? Nous n’y sommes pas encore mais de plus en plus de monde y pense et en parle. Les médias en recherche de sujets font des prospectives sur une date de déconfinement. Les économistes parlent de récession. Les syndicats réclament des aides. Les opposants politiques cherchent des responsables. Pendant ce temps, certains experts prônent la résilience urbaine, la décroissance et encore la réindustrialisation de l’Europe pendant que d’autres questionnent la « glocalisation » des prises de décision. Je ne sais pas si nous changerons de concepts économiques après la crise mais, d’après l’économiste français Daniel Cohen, la recherche du bas coût à tout prix qui a régit nos économies depuis une quarantaine d’années serait révolue au profit d’une économie du confinement : le travail via Zoom, le commerce via Amazon, la culture via Netflix.

Dans cette perspective, devrions-nous redouter le repli sur soi, l’augmentation de la peur de l’autre, l’installation de privations ? Il est plus que temps de rester vigilant et de construire le monde dans lequel on a envie de vivre pleinement, sereinement et librement.

Café Belga – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 27
Ça y est ! Les français connaissent la date de sortie de leur pénitencier : le 11 mai 2020. Mais attention, le déconfinement (qui ne dit pas son nom car Emmanuel Macron ne le prononcera jamais) ne se fera pas par région ou par tranche d’âge comme l’avait prédit les observateurs mais par secteur d’activité. D’abord les crèches, écoles, collèges et lycées. Mais les restaurants, les bars, les lieux de rassemblement comme les discothèques, les cinémas, les festivals, la culture en général en prennent pour perpète ou en tout cas, ils resteront fermés jusqu’à nouvel ordre. Une catastrophe économique va se jouer sous nos yeux et des centaines de restaurateurs, de cafetiers et d’organisateurs d’événements vont tirer le rideau à jamais.

Et l’on pense à la phrase de Donald Trump : « Le remède est-il pire que le mal ?« . Cette phrase a horrifié le monde mais elle a de plus en plus d’adeptes aujourd’hui.

Les analystes expliquent : d’une part, il y a l’effondrement de l’économie des pays qui n’entraîne pas seulement une perte de dividendes pour les actionnaires mais qui entraine surtout de nombreuses pertes d’emplois tant chez les indépendants que chez les salariés ou tout au moins une perte du pouvoir d’achat pour tout un chacun. La précarité dans laquelle de nombreuses personnes vont être entrainées par l’arrêt brutal de nos économies entrainera d’office une diminution de l’espérance de vie.
D’autre part, la situation actuelle provoque stress, dépression, violences conjugales, déscolarisation et une augmentation significative des inégalités sociales.

Combien de décès collatéraux le confinement fera-t-il ? C’est la question que se pose de nombreux éditorialistes français aujourd’hui et ils n’hésitent pas à sortir des chiffres :

« 1 million de personnes meurent chaque année d’un accident de la route et pourtant, on n’a pas interdit la circulation » (Renaud Girard, journaliste et géopoliticien – Source : Le FigaroVoxLa France ne doit pas mourir guérie)

« C’est dingue quand on y songe : plonger le monde dans la plus grave récession depuis la seconde guerre mondiale pour une pandémie qui a tué pour l’instant moins de 100.000 personnes (sans parler de leur âge avancé) dans un monde de 7 milliards d’habitants » (Jean Quatremer, journaliste spécialisé dans les questions européennes – Source : Twitter)

Alors, bien évidemment, ces sorties ont fait bondir de nombreuses personnes et dans le même temps, d’autres vous remémorerons :

  • que la crise de 2008 a engendré plus de 500.000 morts par cancer à cause de la hausse du chômage (Lancet Study);
  • que la grippe de Hong Kong a fait 1 million de morts dans le monde dont 30.000 en France sans que personne ne s’en soit inquiété à l’hiver 69;
  • que la canicule de 2003 a causé plus de 20.000 morts dans les Ephads sans que personne n’ait bougé le petit doigt. A l’époque, le politique n’était pas sous la pression permanente de l’opinion publique et le Président Jacques Chirac était en villégiature au Canada d’où il ne fera aucune allocution publique.

Le débat sur le confinement et ses répercutions vont revenir tel un boomerang sur les gestionnaires de cette pandémie et je vous assure que l’on va en parler durant des générations. Une nouvelle guerre verbale entre les pro- et les anti-confinement va se jouer sur tous les écrans et dans tous les dîners de famille.

Lire aussi : André Comte-Sponville: «Laissez-nous mourir comme nous voulons!» (Le Temps – 17/04/2020)

Place Rogier – Bruxelles confiné, Covid-19 – ©misteremma.com

Jour de confinement 28
Je me suis rendu au Carrefour du centre commercial City2 pour y faire quelques courses. J’avais pris soin de prendre des sacs réutilisables pour y déposer ma marchandise pendant ma déambulation dans les allées du supermarché et après avoir payé mes biens. Quel ne fut pas mon étonnement de voir une file devant la porte du magasin. Je n’avais plus vu ça depuis la première semaine du confinement. Mon tour arrive et le garde de sécurité me tend un caddie tout neuf. Apparemment, ils ont abandonné les chariots que l’on tire ou que l’on porte pour des caddies de grandes surfaces avec 4 roues. Je dis que je n’en ai pas besoin vu que j’ai mes sacs avec moi. Le type me dit que c’est obligatoire et que le caddie a été désinfecté. Je lui répète que j’ai des sacs et que je n’ai pas envie de toucher son caddie. Il me répond « tu le prends ou tu dégages si tu n’es pas content« .

OK ! C’est donc ça le monde de demain !? Et bien, je n’en veux pas vraiment, tu vois !

  • « Tu n’as rien compris, Emma ! C’est pour garantir la distance sociale !
  • Ahhhh ! D’accord !

Et bien cela ne fonctionne pas vraiment à City2 : les caddies encombrent les allées trop étroites, il est impossible d’en faire passer deux à la fois, les client.e.s se frôlent encore plus qu’avant et ont l’obligation de toucher un matériel vite fait bien fait désinfecté et le nouveau dispositif crée une file d’attente à l’extérieur.
Mais n’a-t-on pas dit glocalisation = meilleure gestion ? Je veux croire que cette merveilleuse idée est venue d’un monsieur je-sais-tout dans un bureau central car si elle vient du.de la responsable du magasin, il faut lui dire que c’est n’importe quoi.

Et pendant que je me chamaille avec mon caddie, Donald Trump vante sa gestion de crise en diffusant un petit film à sa gloire lors d’une conférence de presse et crie « Fake News » dès qu’un.e journaliste lui pose une question mettant en doute l’honnêteté de sa parole divine. Ce même Donald Trump a mis également ses menaces à exécution et a suspendu les versements américains à l’OMS pour sa “mauvaise gestion” du coronavirus.
« C’est pas moi, c’est lui, nananère !« 

De son côté, le Professeur Raoult déclare dans une vidéo que l’épidémie touche à sa fin à Marseille : « Il est possible que d’ici quelques semaines, il n’y ait plus de cas”.
C’est donc le principe de la vague et du prochain déconfinement. De là à y voir une causalité avec la prise de chloroquine… Chacun y verra ce qu’il a bien envie d’y voir mais les arguments les plus simples sont souvent ceux qui font mouches.

Canal – Bruxelles – ©misteremma.com

Jour de confinement 29
Chère Sophie,
Mais qu’est-ce qui t’a pris de réouvrir les Brico ? On n’arrêtait pas de me dire dans l’ancien monde « il faut lever le pied ? » et, depuis le début du confinement, on n’arrête pas de me presser pour trouver quelque chose à faire : tuto par-ci, origami par-là. Et maintenant, ma douce et tendre a déjà rédigé la liste des réparations à faire dans la maison !

Non, je ne te dis pas merci. En même temps, avec le programme que tu nous as élaboré pour cet été, on va grave se faire chier. Il ne manquerait plus que la météo soit pourrie !
Non, moi, je reste confiné jusqu’à la deuxième (ou seconde ?) vague. J’attends le 29 août pour regarder le Tour de France tous les après-midis sur France 2. Tiens, à ce sujet, vous vous souvenez de mon histoire sur l’idée de génie du (faux) Roi (relire Jour de confinement 24) et bien nous y sommes !

Non, moi j’aurais préféré que tu remettes les mioches à l’école comme l’a très bien décidé Manu et Angela. Voilà une excellente décision européenne… ainsi j’aurais pu mater YouPorn en toute tranquillité… (Message privé pour ma maman qui lit ce texte : ceci est une Fake News, je n’ai jamais été sur YouPorn, je ne sais même pas ce que c’est)

Château de Karreveld – Molenbeek confiné – ©misteremma.com

Jour de confinement 30
Ce matin, un client me téléphone pour me demander si je pouvais venir filmer sa maison. J’avais l’impression d’être un.e prof à qui Manu venait d’annoncer qu’il va devoir retravailler. « Vous êtes certain ? » lui ai-je dit, « Ce n’est pas que j’aime mon isolement mais sortir de chez moi, affronter les gens dans les rues, ne serait-ce pas faire entrer le loup dans la bergerie ? »
« Ne vous inquiétez pas » me répondit-il, « il n’y aura que moi, une personne désignée, je n’ai eu aucun symptôme depuis 14 jours ».

Le déconfinement, c’est ça ! C’est une part de risque à assumer sous peine de rester enfermer pour l’éternité.

On a bien compris que le temps des arbitrages pour revenir à une vie « normale » était venu. L’arbitrage, c’est la part de risque que le gouvernement / le politique nous autorise à prendre et c’est aussi la part de risque que nous nous autorisons à prendre. Et il n’y aura jamais de bon arbitrage. il faut le savoir et il faut le dire.

La France décide de rouvrir certaines écoles le 11 mai pour lutter contre la précarité et le décrochage scolaire, la Belgique prend la décision de laisser une personne désignée voir un parent dans une maison de repos pour lutter contre l’isolement qui pourrait faire plus de victimes que le virus lui-même. A chaque décision son débat : les uns y voient une décision économique afin de permettre aux parents de retourner au travail, les autres y voient une décision dangereuse au regard des chiffres de mortalité.

Les fleuristes crient au scandale sur l’ouverture des pépinières alors qu’ils pensent que c’est leur job de vendre le muguet du 1er mai. Faut-il confiner d’office 18 millions de français à risque ou glocaliser la prise de décision ? Etc…
Il y aura toujours débat.

Pour ma part, chaque minute perdue est une minute de moins sur cette belle planète. J’ai envie de croquer la vie à pleines dents. J’ai envie de voir mes amis, de rire, de m’enrichir culturellement. J’ai pris des risques dans ma vie mais qui, me semble-t-il, étaient contrôlés le plus possible et sans jamais mettre la vie d’autrui en péril. Et si cela se passe mal pour moi et que je ne finis pas ma vie grabataire avec un lange et un dentier seul dans une chambre de 20 m2, je me dis « tant mieux, j’aurais profité de la vie ». La vie sera toujours trop courte quoiqu’il arrive mais je préfère la vivre que de la regarder passer. C’est une des valeurs que mes parents m’ont inculquée et je les en remercie.

J’ai donc dit à mon client « Je mets mon plus beau masque et j’arrive » et j’ai découvert un petit bijou dans un intérieur d’îlot à Molenbeek. Un havre de paix et de beauté.

Chantier AgwA – Molenbeek – ©archiurbain.be

Jean-François Delfraissy, président du Comité national d’Éthique en France, était entendu hier par les parlementaires. Durant son audition, il a répété à maintes questions « je ne sais pas ».

Lorsque l’on sait que ce spécialiste en immunologie a donné sa vie professionnelle à la lutte contre le Sida et Ebola, on se dit qu’il y a là une modestie et une humilité qui fait du bien et qui entre en totale contradiction avec tous les « y a qu’à » et « faut qu’on » des pseudo-experts médias et autres internautes.

Oui, les médecins ne savent pas. Il faut le dire mais ils travaillent à apporter de la connaissance sur ce nouveau virus. Le sida faisait peur dans les années 80. Aujourd’hui, je pense que l’on peut dire que tout le monde s’en fout et pourtant, la maladie a tué 750.000 personnes dans le monde en 2019 dans une quasi indifférence générale. 750.000, c’est 5 fois plus que le nombre de décès actuel du covid-19 et pourtant nous avons tou.te.s continué à faire l’amour et à baiser.

Protégez-vous et protégez les autres que ce soit quand vous faites l’amour ou quand vous croisez quelqu’un.e en rue.

Chantier AgwA – Molenbeek – ©archiurbain.be

Jour de confinement 31
Le jeudi 12 mars 2020, Zhao Lijiantwe, porte-parole de la diplomatie chinoise twittait : « Il est possible que ce soit l’armée américaine qui ait apporté l’épidémie à Wuhan. Les États-Unis nous doivent une explication« . Les observateurs occidentaux y ont vu une manigance pour détourner l’attention de la Chine sur leur mauvaise gestion de la crise du covid-19, une manigance qui va leur revenir tel un boomerang.

Le mercredi 8 avril 2020, Donald Trump critique ouvertement la gestion de l’Organisation Mondiale de la Santé. Il réclame une enquête pour déterminer les tords de l’O.M.S. dans sa dissimulation de la propagation du coronavirus. En fond de cette affaire, il y a la guerre commerciale que se livrent la Chine et les Etats-Unis. Le mardi 14 avril 2020, le Président américain met ses menaces à exécution et annonce que les Etats-Unis suspendent leur contribution au financement de l’organisation. Deux jours plus tard, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo déclare sur la chaîne Fox News (pour rappel : le seul media qui ne diffuse pas de Fake News) que les Etats-Unis menaient une enquête exhaustive sur la propagation du virus et que l’hypothèse que le covid-19 se soit échappé d’un labo de Wuhan était dans la liste des possibilités, fait le Donald Trump a confirmé lors d’une conférence de presse : « Je peux vous dire que nous entendons de plus en plus cette histoire. Nous allons voir« .

Là, la population commence à avoir des doutes. Mais l’affaire s’amplifie :

Vendredi 17 avril 2020, le jeu de pouvoirs et d’alliances se met en place : Emmanuel Macron déclare au Financial Times qu’il existe des zones d’ombre dans la gestion de l’épidémie par la Chine. Boris Johnson avertit Xi Jinping qu’il devrait répondre à des questions sur sa gestion. A contrario, Vladimir Poutine juge « contreproductives » les accusations visant Pekin.

Le même jour, le Prix Nobel 2008 Luc Montagnier entre dans la danse et accuse la Chine d’avoir créé le SARS-CoV-2 avant de le laisser s’échapper dans la nature. Il assure que “le virus sort du laboratoire de Wuhan qui s’est spécialisé sur ces coronavirus depuis le début des années 2000.

Voilà qui va donner un regain de force aux complotistes et populistes en tous genres… et, surtout, détourner le focus sur la gestion de crise de Donald Trump (et d’autres)… (vous voulez des faits ? En voici : après avoir détricoté l’Obama Care, il a démantelé la cellule de lutte contre les pandémies mise en place par le même Obama. Il a retardé la livraison des chèques destinés aux familles vulnérables pour y imprimer son nom. Sans oublier que son seul argument quand Paula Reid (CBS) lui demande ce qu’il a fait entre le fin janvier (date à laquelle il a décidé de fermer les frontières des USA à la Chine et les premiers cas de coronavirus sur le sol américain est de répondre « Fake News »)

Pendant ce temps, le véreran Tom Moore, centenaire dans 15 jours, marche toujours dans son jardin anglais avec son déambulateur pour récolter des fonds pour le NHS -système de santé public anglais. Il voulait récoler 1.000 livres, le compteur en est à 22 millions !!! (voir le compteur mis-à-jour)

Chantier AgwA – Molenbeek – ©archiurbain.be

Jour de confinement 32
Je voudrais revenir sur 3 fantasmes populaires sur le web :

1. Les tests
Une légende très répandue prétend que la Corée du Sud ou même l’Allemagne aurait testé l’ensemble de sa population. C’est faux. Au rythme de 200.000 tests par jour, ce qui est pratiqué en Allemagne, il faudrait 1 an pour tester toute la population française une seule fois. Quand on sait que tester le mardi, le résultat pourrait être différent le jeudi, cette pratique n’a donc aucun intérêt. Par contre, le dépistage dit « massif » est intéressant car il permet de mettre directement des personnes en quarantaine et ainsi éviter la propagation, c’est d’ailleurs ce que fait l’Islande mais là encore, le pays n’a pas testé toute sa population mais uniquement 10% de celle-ci, soit le taux le plus élevé au monde.

2. Les masques
Faut-il ou non porter un masque ? Les avis divergent au fur et à mesure de la pandémie et des stocks disponibles. Personnellement, j’ai l’impression que dire « portez un masque grand public » a bien plus un effet rassurant sur la population paniquée qu’un réel effet. Lorsque je vois ma voisine qui baisse son masque avec ses gants pour se gratter la joue, je me dis que son dispositif ne sert absolument à rien. Mais ça la rassure !

Offrir un masque par un élu local me semble être un acte plus politique que sanitaire car que ferez-vous avec votre masque unique ? Le laver tous les jours à 60 degrés ? J’en doute ! Et pourtant, c’est ce qu’il faudrait faire.

3. L’hydroxychloroquine
Pour tous les fans du Professeur Raoult, je vous invite à lire un article plutôt objectif et très bien référencé de francetvinfo.fr.

Logements B612associates / Place Fontainas – Bruxelles confiné – ©misteremma.com

Jour de confinement 33
Et sinon, les principales places boursières reprennent des couleurs. Il est grand temps d’acheter, les ami.e.s. Ça remonte ! Ça remonte !
Ah pardon, on avait dit que nous n’allions pas retomber dans les travers de l’ancien monde, qu’on allait inventer un monde plus local, plus proche de l’humain basé sur la décroissance et le bien-être.
Allez ! Vivement que je puisse réserver mon vol pour mon prochain city trip et j’espère bien qu’Amazon me livrera mon masque made in China en 24h chrono sinon je pourris leur mur Twitter.

Si je vous avais laissé là comme ça avec cette info, vous auriez broyé du noir mais la vie est un arc-en-ciel de couleurs et le quotidien est rempli d’actes de bravoure, d’entraide et de participation collective. Ce samedi 18 avril 2020, David Guetta organisait une levée de fonds lors d’un live au Icon Brickell à Miami. Plus de 10 millions de personnes ont dansé durant 1h30. 700.000 dollars ont été ainsi collectés et seront reversés à diverses organisations (World Health Organization, Feeding America, Feeding South Florida et la Fondation des Hôpitaux de Paris – Hôpitaux de France). Quelques heures plus tard, c’était au tour de Lady Gaga de lancer son concert planétaire « One World : Together At Home » sous la houlette de Global Citizen et l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.). Une pléiade d’artistes internationaux se sont relayés durant 8h, tous confinés chez eux. Au final, ce sont près de 128 millions de dollars qui seront répartis vers le fonds de solidarité Covid-19 et les intervenants en première ligne.

Jour de confinement 34
Je lis régulièrement sur Facebook le texte suivant : « Le Peuple Belge demande à tous les ministres de laisser leurs salaires pour sauver l’économie. » Alors d’abord, je pense que tout travail mérite salaire. Ensuite, on peut discuter sur le montant du salaire. D’après un article de la VRT, le salaire d’un député s’élèverait à environ 81.000 euros bruts par an, c’est plus que le salaire moyen mais bien moins que celui de certains médecins, chercheurs, pilotes, chefs d’entreprises, sportifs, etc. Eden Azard aurait un salaire annuel de 31 millions d’euros au Real de Madrid, soit l’équivalent de plus de 380 parlementaires. Alors certes, il fait plus fantasmer que Super Maggie mais je ne suis pas certain qu’il ait déjà fait quelque chose (en bien ou en mal) pour votre pouvoir d’achat. Pourquoi alors ces internautes n’écrivent-ils.elles pas « Le Peuple Belge demande à Eden Hazard de laisser son salaire pour sauver l’économie. » Parce que tout simplement, l’un comme l’autre ne suffirait pas à combler le déficit économique du pays.

Personnellement, je préfèrerais écrire « Pensez aux commerçants de votre quartier avant d’enrichir Jeff Bezos« . Je pense que cet acte sera bien plus salutaire pour l’économie et l’emploi que d’en vouloir au salaire de qui que ce soit.

Enfin, je voudrais souligner le texte du journaliste de la RTBF, Arnaud Ruyssen, qui s’interroge sur l’épisode de « la question qui dérange ». Rappel des faits : Alexandre Penasse, rédacteur pour le magazine Kairos, a posé une question qui a passablement irritée la Première Ministre Sophie Wilmès lors de son point presse sur l’évolution de la pandémie en Belgique. Arnaud Ruyssen ne remet pas en question la pertinence de la question mais est attristé par la réaction des internautes qui soulignent le courage de ce journaliste : « enfin un média qui ne roule pas pour le gouvernement » alors que tant d’entre eux, rappelle-il, investiguent dans des enquêtes abouties sur les LuxLeaks, panama-papers, sur Bayer-Monsanto, sur Nethys, sur le Samu-social, le Kazakhgate, sur le Tramadol dans l’anonymat le plus total.

On sent bien dans cette affaire que l’internaute se passionne lorsque l’on met un politique en difficulté. Les gilets jaunes ont souvent conspué les journalistes parce qu’ils les trouvaient trop en accord avec le gouvernement d’Emmanuel Macron. Mais, à contrario, l’individu peut aussi agresser verbalement et physiquement un.e journaliste lorsqu’il.elle attaque un politique. On se souvient de l’atmosphère nuisible qui régnait au début de l’affaire Penelope Fillon lors des élections présidentielles de 2017 entre les fans du candidat Les Républicains et les journalistes. Tout n’est donc question que de passion et de manque de recul face à une situation.

Toute décision politique quant à la pandémie et au déconfinement sera sujet à débats car pour la pandémie, on nage dans l’inconnue (voir les propos de Jean-François Delfraissy, président du Comité national d’Éthique en France) et pour le déconfinement, on est dans de l’arbitraire et là, chacun y verra midi à sa porte.

Place Fontainas – Bruxelles confiné – ©misteremma.com

Jour de confinement 35
Le moment du déconfinement ne donne pas encore son nom mais il est bien là. Les magasins de bricolage et les pépinières ont rouvert en Belgique. Les drive-in de McDonald sont accessibles.

Ces décisions sont celles qui ne bougent pas vraiment les lignes mais qui tracent une chemin vers la liberté. A chaque fois, ce sont des choix arbitraires et mesurés, des mesures timides mais qui impliquent une prise de risque. Dans ces choix, il y a ceux qui savourent ces petites libertés retrouvées et ceux qui promettent un recours en justice s’il y a des morts, oubliant que la mort fait partie de la vie. « Dans les pays occidentaux, les avancées de la science semblaient plus fortes que la nature » déclare le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, « Jusqu’à il y a peu, on acceptait la mort : au XIXe siècle, un enfant sur deux mourait dans sa première année et c’était normal; beaucoup de femmes mouraient en couches et, moi-même, quand j’étais stagiaire en obstétrique en 1955, j’ai entendu l’accoucheur dire au mari : « Monsieur, choisissez : la mère ou l’enfant ?« .

Ce lundi soir, j’étais devant le journal de France 2 qui diffusait un reportage sur les visites à nouveau autorisées dans les Ephad. Ce reportage était intéressant car, en moins de 24h, cette mesure a été mise en place sous la responsabilité des directeur.trice.s des établissements français. D’après le reportage, les choses semblent se dérouler bien mieux que la même prise de décision en Belgique où dès l’annonce une fronde s’est installée : alors que cette mesure humaine a pour objectif de diminuer l’isolement des personnes âgées, les directions des établissements belges semblaient ne plus penser qu’à la difficulté de la mise en place d’une réouverture aux visites. Certains politiques sont montés au front et ont déclaré que cette mesure n’entrerait pas en vigueur sur leur territoire.

J’invite donc toutes ces personnes à voir ce reportage où l’on voit une vieille dame qui se laisse mourrir sur son fauteuil et qui déclare en pleurs « Je ne peux même pas aller chez ma voisine. On ne peux même pas discuter. On est toute la journée enfermée la-dedans. C’est pas une vie à 97 ans. (…) Ma voisine, elle n’a pas le virus et puis moi non plus. On pourrait se voir de temps en temps, discuter un petit peu« .

J’ai été bouleversé par Jeanne Pault. Malgré la douceur et le dévouement de l’aide soignante, elle est las de cet enfermement. Lorsque l’on sait que plus de 2.000 décès dans les maisons de repos en Belgique sont comptabilisés comme « peut-être Covid-19 », je ne peux m’empêcher de revoir le visage de cette dame et de me dire que le « bien » a finalement causé bien plus de mal. Alors messieurs et mesdames les responsables politiques et les directions des établissements, soyez créatifs, trouvez des solutions pour que toutes les Jeanne sortent de leur isolement inhumain. Ne les laissez pas mourrir d’ennui et de solitude. S’il vous plait !

Capture image – Journal de France 2 du 20 avril 2020

Jour de confinement 36
Quel est le portrait robot du Covid et de ses victimes ?
Si le Covid-19 était un personnage, Bernard Pivot le décrirait de la sorte : c’est un anti-capitaliste, il déteste les échanges mondiaux. C’est un écologiste, l’air est frais, l’air est pétillant. C’est un misanthrope, il manifeste une aversion pour les échanges entre les êtres humains. C’est un puritain, il déteste que l’on se touche, que l’on s’embrasse, que l’on se caresse.
Et puis enfin, c’est un tueur en série avec une préférence pour les hommes de plus de 60 ans ayant des pathologies cardiovasculaires ou respiratoires. Les personnes ayant une surcharge pondérale semble être son pêché mignon !

On sait également que le Covid-19 n’aime ni la nicotine, ni… le gin tonic ! Cette boisson est composée de gin et d’eau tonique, une boisson gazeuse contenant de l’eau additionnée de quinine, un dérivé de la… chloroquine !

Avec ce beau soleil, n’hésitez pas à vous désaltérer mais surtout restez confiné. Santé !

Villa Schweppes – Cannes 2016 ©misteremma.com

Jour de confinement 37
Vous aurez certainement remarqué que la télé confinée, ça ressemble plus à une télé-conférence sur l’application Zoom qu’à de la télé ! Les chaînes à bas coûts n’ont plus à rougir de la qualité de leurs productions faites via un iPhone. Tout le monde fait pareil en période de confinement et je vous assure que l’on va rapidement s’y habituer à ce nouveau standard.
Mais il y des règles pour réussir sa vidéo-conférence que ce soit à la télé ou pour votre boulot :

  • N’oubliez jamais que votre télé-conférence doit vous permettre de convaincre vos interlocuteurs. Une belle image de vous est déjà un pas franchi.
  • Ce n’est pas parce que vous êtes chez vous que vous ne devez ressembler à rien ! Faites autant d’efforts sanitaires et vestimentaires que si vous alliez au travail.
  • Placer votre caméra au niveau des yeux pour soutenir votre regard.
  • Plus votre espace sera lumineux, plus la qualité de l’image sera meilleure.
  • N’oubliez jamais que vous êtes filmés : éviter de chercher un trésor dans votre nez (et de le manger), ne prenez pas votre smartphone avec vous si vous avez un besoin urgent, tentez d’éviter les enfants qui passent et qui hurlent derrière vous.
  • Evitez de jouer avec un objet ou de pousser nerveusement sur le bouton de votre Bic. Tout s’entend et devient vite irritant… ou honteux si vous lâchez une caisse !
  • L’arrière plan en dit beaucoup sur vous. Ne le minimisez pas ! Si Bernard Pivot se montre devant une bibliothèque, c’est pour souligner son caractère littéraire. Si François Ruffin se montre dans sa cuisine bordélique, c’est pour se montrer proche du peuple. Et vous quelle image avez-vous envie de donner de vous ?
  • Si vous trouvez que votre intérieur est vraiment trop moche, de nombreuses applications permettent maintenant de flouter l’arrière plan ou même de vous détourer pour y insérer le fond que vous désirez (vous à la plage, vous à NYC, ou vous devant un fond d’écran du célèbre Studio Ghibli)
  • Lorsque la télévision a fait son apparition, une nouvelle pièce s’est créée dans les habitats : le salon télé. Il n’est pas idiot d’imaginer un studio pour vos prochaines réunions de télé-travail. Profitez-en les Bricos sont ouverts ! Et si vous n’êtes pas bricoleur, des solutions insonorisées existent déjà. Initialement prévues pour un espace de travail, je suis certain que vous pourrez l’intégrer dans votre espace personnel.

Jour de confinement 38
8h00 du matin, je regarde les infos sur franceinfo. C’est le moment de la rubrique #onvousrepond : un enfant de 8 ans se demande pourquoi si l’on peut nettoyer ses mains avec du savon ou une solution hydro-alcoolique, on ne peut pas l’avaler pour tuer le coronavirus.
Quelques heures plus tard, je lis les propos de Donald Trump : “J’ai l’impression que le désinfectant aussi détruit le virus. Alors peut-être qu’il faudrait en injecter dans le corps, comme une sorte de nettoyage des poumons par exemple. Il faudra sûrement faire appel à des médecins pour ça, mais ça me paraît intéressant comme idée.
Le monde reste sans voix sauf les fabricants de désinfectants : “En tant que leader global des produits de santé et d’hygiène, nous affirmons clairement qu’en aucune circonstance nos produits désinfectants ne doivent être administrés au corps humain.” (Reckitt Benckiser)

17h00, le Conseil national de sécurité se réunit pour décider des premières mesures de déconfinement en Belgique. A la même heure, la RTBF et RTL-TVI démarrent un direct pour ne pas manquer une miette. Malheureusement pour eux, la réunion durera des heures et ce n’est que vers 22h que la conférence de presse s’est tenue et que les belges ont enfin pu prendre connaissance des mesures. Pendant plus de 4h, les chaines nationales francophones ont débattus sur les mesures qui pourraient être prises. Tous les experts du pays et surtout tous les types qui ont bien quelque chose à dire sur tout et surtout sur rien sont venus et revenus et revenus pour combler cette attente. Assurément, les journalistes maitrisent parfaitement l’emploi du conditionnel présent ! Et pendant ce temps, les chaînes flamandes VRT et VTM diffusaient une série.

Source RTBF info

22h24, alors que j’ai abandonné depuis longtemps ce vacarme vide, plongé dans l’épisode 14 de la 10ème saison de The Walking Dead, un ami m’envoie un sms pour me dire que l’on pourra faire du Kayak. Je regarde l’heure et je me dis « Et merde, Sophie ! Tu es sortie de ta réunion juste au moment du passage des 60 satellites Starlink d’Elon Musk privant ainsi les belges du seul spectacle intéressant de leur confinement« . (intéressant ne voulant pas dire que je valide le projet fou du patron de SpaceX)

Voilà, on sait maintenant que le déconfinement se fera en 4 phases (au moins). La première démarre le 4 mai pour un retour progressif de l’économie, viendront ensuite les mesures plus sociales. Je ne commenterais pas les décisions politiques car comme je l’ai déjà régulièrement écrit : ce sont des arbitrages et chacun y verra midi à sa porte. Mais lorsque l’on voit que la Chine applique à nouveau le confinement à la frontière avec la Russie par crainte d’une deuxième vague suite à la découverte d’une augmentation de cas positifs, je ne peux m’empêcher de me dire que l’ouverture des commerces le 11 mai va provoquer une foule compacte dans les rues et donc une phase 3 qui pourrait bien voir pointer son nez un peu plus tard que prévu.

Rue Neuve – Bruxelles confiné – ©misteremma.com

Jour de confinement 39
Aujourd’hui, je suis en deuil. Je dois vous annoncer la disparition de Mister Emma ! Les gestes barrières et la distance sociale auront assassiné ma technique de réalisation. Comment faire des selfies, entrer dans la sphère intime des artistes et des architectes que je rencontre en restant à 1 mètre cinquante d’eux ? Impossible.

Je dois donc me faire une raison et inventer un nouveau style, m’adapter aux nouvelles formes de distanciation qui feront notre quotidien de demain. Le dernier architecte que j’ai interviewé de la sorte fut Vincent Pierret du bureau bruxellois Ledroit Pierret Polet (LPP) Architectes. Tournées avant le confinement, les émissions seront diffusées sur BX1 en juin prochain. Et au niveau people, les dernières artistes à que j’aurais eu la chance de demander un baiser de cinéma fut l’humoriste Melha Bedia et la réalisatrice Katia Lewkowicz à l’occasion de la sortie de l’excellente comédie française « Forte » (à voir en VOD). La personne qui m’avait organisé cette rencontre est Maud Nicolas. Maud travaillait en 2003 chez MCM Belgique lorsque je suis venu présenter mon concept de ce journaliste fouineur qui se filme en compagnie de ses amis people. La boucle est ainsi bouclée.

misteremma.com ne ferme pas pour autant ses portes, je continuerais à chercher des bons plans culture, en espérant que la culture fasse encore partie du nouveau monde… Quant à Archi Urbain, il va probablement se muer en une série de reportages sur l’architecture plus qu’une émission de flux. La saison prochaine, je donnerais la parole aux acteurs de terrain pour répondre à la question « Comment réinventer l’architecture et l’urbanisme face aux défis climatiques ?« , un sujet passionnant qui se déclinera en télé sur 40 épisodes. Et puis, je vous l’ai dit en entrée de jeu, il faut se réinventer, suivre l’évolution technologique et comportementale, c’est pourquoi j’ai décidé de lancer dès la semaine prochaine un nouveau concept que j’ai intitulé « Archi Urbain, l’actu » qui donnera la parole aux architectes, urbanistes, politiques, etc qui imaginent nos villes et notre quotidien de demain. Premier invité : David Roulin, CEO d’Art & Build Architect.

Projet de bâtiment en construction bois – ©Art & Build Architect

Jour de confinement 40
Les artistes tentent d’alerter l’opinion sur la crise que traverse la culture actuellement mais le message ne semble pas être compris. Alors c’est vrai que l’arrêt du tournage du soap « Les Feux de l’Amour » on s’en fout un peu et ce malgré une diffusion ininterrompue depuis 1973, l’arrêt du tournage de « Les Tuche 4 » est plutôt une bonne nouvelle pour le cerveau des spectateurs… mais si je vous dis qu’en raison de l’arrêt des tournages, il n’y aura plus de nouveautés dès septembre sur Netflix… Ah, là ! J’ai votre attention !
N’hésitez pas à soutenir la culture : livres, spectacles vivants, cinéma, musiques. Les artistes et tous les techniciens ont besoin de vous (et pas seulement de like gratis) pour exister. Sans eux, ils ne vous resteraient plus que TikTok pour vous faire vivre des émotions. Pensez-y.

Gare des Guillemins – Liège confinée – ©misteremma.com

Jour de confinement 41
Tout le monde nous parle des gestes barrières et de la distance sanitaire mais faudrait-il les appliquer correctement. J’ai reçu le masque grand public offert par ma commune. Très joli, bleu azur mais est-il vraiment efficace lorsque je constate qu’il baille au niveau du nez ? En définitive, je me dis que l’on s’en fout puisque le seul objectif du port du masque est de rassurer le peuple en vue d’un déconfinement. Alors que le masque ne servait à rien il y a 2 mois, aujourd’hui que vous portiez un foulard, un bandana, une écharpe ou même un masque de Mickey, ce geste va vous sauver et vous permettre de sortir et même de prendre les transports en commun.

L’autre jour, je m’étais emballé (énervé) sur le Carrefour du City 2 (lire Jour de confinement 28) et je voudrais aujourd’hui vous parler d’une expérience vécue hier à Liège dans sa version Market. Je veux entrer dans la boutique mais la vendeuse me dit que je dois prendre un caddie. Il ne s’agit pas ici d’un caddie que l’on pousse (maintenant, j’ai compris qu’il permettait de garder une distance sanitaire (pour autant que le client ne le quitte pas et qu’il suive le chemin gentiment en file indienne)) mais d’un caddie que l’on porte ou que l’on tire derrière soi. Je m’en étonne et la vendeuse me dit que c’est pour compter le nombre de clients ! Je réfléchis : 10 caddies, 10 clients. 6 caddies devant la porte = 4 clients à l’intérieur. Pas bête !

Tous les caddies à disposition ont été utilisés. La gérante arrive, se baisse pour prendre une lavette qui baigne dans un seau rempli d’eau noire. Vous voyez ? Le seau dans lequel on a mis de l’eau claire le matin et à 16h, on nettoie toujours avec la même eau !?! La dame passe sa loque sur l’anse du caddie et me le tend. Je prends cette chose trempée et m’en vais acheter un pain. Pendant ce temps, la gérante « désinfecte » les 3 autres caddies et s’en va. A ce moment-là, le client qui vient de payer ses achats empile son caddie sur la pile des caddies propres ! Un nouveau client entre dans le magasin et prend le caddie… celui au-dessus de la pile, celui que le client précédent vient de déposer, celui qui est contaminé ! Moi, je vous le dis, le déconfinement, on n’y est pas encore !

Et pendant ce temps, les professeurs et les parents d’élèves ont peur pour la reprise des classes…

Place de la République française – Liège confiné – ©misteremma.com

Jour de confinement 42
Un petit message complotiste pour démarrer la journée : Kim Jong-Un a disparu depuis une semaine. Les médias se demandent s’il est toujours en vie. Au même moment, Donald Trump a arrêté ses conférences de presse vexé que l’on se moque de lui à propos de sa super solution au désinfectant. Et avez-vous remarqué que le Professeur Raoult a aussi disparu des médias ? Plus personne n’en parle ! Alors !? Qu’en pensez-vous ? Serait-il tous les trois en train de jouer au golf ou en train de fabriquer un détergeant à l’Hydroxychloroquine qu’ils vont laisser s’échapper d’une usine de Corée du Nord pour infecter (ou sauver) la planète !? 🙂

Pour un ami, dire qu’un message est complotiste est juste une invention de la pensée unique, c’est empêcher les gens de penser et les obliger à avaler le message que le pouvoir veut faire passer. En même temps, quand je lis la merde que les gens propagent sur l’Internet, je ne suis pas certain d’avoir envie d’entendre les gens penser !

Et pourtant, ça cogite grave pour le moment ! Personne n’est prêt pour le déconfinement et, pour ma part, je trouve ça normal que l’on ne soit pas prêt car les mesures de distance sanitaire imposées par ce nouveau virus ne font pas partie de nos usages et donc de notre mode de vie. Il faut tout réinventer et prendre conscience que, comme le dit le politologue Arnaud Mercier : « l’enjeu n’est pas la vie après mais la vie avec« . Nous devons intégrer cette notion et la solution ne viendra pas d’une poignée d’êtres humains aux super pouvoirs mais de tout un chacun qui doit créer son nouveau monde, son futur. Dire que sa classe (d’école) n’est pas adaptée pour les mesures gouvernementales n’est pas une solution, c’est une constatation entre l’ancien et le nouveau monde. Et c’est normal que cette pièce ne soit pas adaptée aux nouveaux usages. Elle n’était pas faite pour ça ! Il va falloir tâtonner, essayer, écouter, ouvrir le champ des possibles. C’est donc un monde merveilleux qui s’ouvre à nous, un monde d’inventeurs et de créateurs. Un monde merveilleux… pour autant que les haters arrêtent de déverser leur vomi pour devenir proactifs (et même peut-être solutionnistes) plutôt que défaitistes et fatalistes…

La célèbre marque française de luxe de prêt-à-porter Saint Laurent n’a pas attendu que le politique lui amène une solution sur un plateau, elle a bien compris que le monde avait changé : « La pandémie de Covid-19 nous a obligés à changer soudainement et complètement nos habitudes, notre comportement et nos interactions avec les autres« . (Anthony Vaccarello – directeur artistique de Saint Laurent)

Dans un entretien au WWD, il déclare : « Conscient de la conjoncture actuelle et des changements radicaux qu’elle induit, Saint Laurent prend la décision de repenser son approche au temps et d’instaurer son propre calendrier. Aujourd’hui plus que jamais, la marque contrôlera sa périodicité et légitimera la valeur du temps, à son rythme, tout en privilégiant le rapport aux personnes et à leur quotidien.« 

Cela signifie-t-il que l’avenir sera plus « slowly » ? Quelle bonne nouvelle !

La Meuse – Liège confinée – ©misteremma.com
La Meuse – Liège confinée – ©misteremma.com

Jour de confinement 43
Je voyais hier un reportage au journal de la RTBF sur l’engouement des belges pour avoir des poules chez eux. Face au confinement et à l’augmentation des prix, le.la belge semble s’être trouvé une passion pour les œufs pondus dans son jardin.

Lorsque l’on sait que certain.e.s demandaient qu’on leur envoie les poules par la poste (!), lorsque l’on sait que le taux d’abandon des animaux a augmenté avec le confinement parce que certain.e.s ont vu en leur chien un pangolin ou en leur chat un virus, lorsque l’on sait que certain.e.s ont adopté un chien pour avoir une excuse pour se promener ou ont adopté un chat pour occuper leurs mioches, je ne suis pas certain qu’il faille s’en réjouir !?

Et sinon dans le monde ? Tom Moore (lire Jour de confinement 31) a atteint ses 100 ans. Sa cagnotte s’élève à pratiquement 30 millions de Livres Sterling. Etrangement (mot complotiste), juste au moment où divers pays tentent le déconfinement en ré-ouvrant les écoles et où les experts nous disent depuis le début de la pandémie que les enfants sont épargnés, une info fait la une des médias : il y aurait une émergence d’un syndrome inflammatoire chez les enfants appelée maladie de Kawasaki.

Trinkhall / Architectes : Beguin-Massart – Parc d’Avroy – Liège confinée – ©misteremma.com

Jour de confinement 44
Il y a deux jours, je vous parlais de la disparition dans les médias de Kim Jong-Un, de Donald Trump et du Professeur Raoult… et bien, on les a retrouvé et ils ne faisaient pas du golf à Mar-a-Lago. Non, ils fourbissaient leurs armes.

Tout d’abord, le Professeur Raoult persiste dans Paris Match pour contrer les allégations de l’agence du médicament qui se demande si ses travaux seraient hors-la-loi : « ce qui a été fait ne rentre pas dans le cadre juridique des recherches impliquant la personne humaine« . Le Professeur Raoult n’aurait que regardé les dossiers médicaux des patients niant de la sorte les essais cliniques qu’il aurait effectués et qui aurait fait son succès mondial. L’ordre des médecins met en garde contre le charlatanisme et prévient que les essais sauvages sans consentement des patients sont punissables de 3 ans de prison.

Notez que BFMTV a donné une tribune à Didier Raoult ce jeudi 30 mai de 20h30 à 22h avec la diffusion d’un documentaire « L’intrigant Professeur Raoult » suivi d’une interview d’1h menée par Apolline de Malherbe. La soirée a été suivie par plus d’un million de téléspectateurs.

Donald Trump a rangé son tablier de docteur en détergeant pour reprendre le costume de guerre qu’il affectionne particulièrement. Il a menacé la Chine de taxes douanières si le pays continuait à dissimuler des données cruciales sur l’épidémie. Et pendant ce temps, ses paroles (sans preuve) font leur chemin puisque d’après un sondage du centre Pew Research, 30% des Américains pensent que le virus a été créé dans un laboratoire.

Quant à Kim Jong-Un il est apparu le 1er mai dans une vidéo de propagande un ciseau à la main pour couper le ruban inaugural d’une usine d’engrais.

La bonne nouvelle du jour : le Center for Research on Energy and Clean Air, un centre de recherche international indépendant basé en Finlande, a conclu que le confinement a permis une énorme diminution de la consommation de charbon et de pétrole et donc un impact important sur la qualité de l’air qui aurait permis d’éviter 11.000 décès prématurés en Europe en un mois. Rappelons que la pollution cause chaque année plus de 400.000 décès prématurés dans l’Union européenne. (Nous en sommes à 230.000 décès dans le monde pour le coronavirus)

Face à la gare des Guillemins – Liège confinée – ©misteremma.com

Jour de confinement 45
J-2 avant la liberté partielle en Belgique et c’est le dégout, la consternation, la sidération du personnel soignant (et d’autres) qui fait la une des médias en France à l’annonce par les grandes enseignes de la distribution de la vente massive de masques dès le 04 mai.

Carrefour en annonce 225 millions, Edouard Leclerc 170 millions, Intermarché 90 millions, Système U 70 millions. Il est vrai qu’il y a de quoi se poser des questions comme celle de la Sénatrice de Gironde Nathalie Delattre : « De deux choses l’une : soit la grande distribution a une puissance de frappe infiniment supérieure à celle de l’État et a réussi à se procurer autant de masques en si peu de temps, et dans ce cas-là la commission devra faire toute la lumière sur les insuffisances de la chaîne de décision nationale. Soit la grande distribution se moque de la santé du peuple français, et devra répondre à cette question: combien de vies auraient pu être épargnées si ces stocks avaient été distribués plutôt que d’être stockés en attendant d’être vendus !« 

La fédération annonce qu’il n’y a pas de stock caché mais alors comment expliquer un nombre si important alors que l’on nous bassine depuis des semaines qu’il n’y a pas de masques ? Tout simplement parce que la photographie du mois de mars et même celle d’avril n’est plus la même en mai. Nous ne sommes plus dans l’urgence. La grande distribution a eu le temps de prendre contact avec ses fournisseurs et de mettre en place cette fabrication. De plus, il s’agit d’un nombre global : 10 millions de masques seront disponibles le 4 mai chez Carrefour mais le reste de la commande globale n’arrivera qu’au fur et à mesure des livraisons. Il y a donc une période tampon qui n’est pas prise en compte dans l’annonce du chiffre global. De plus, les pays producteurs de masques ne sont plus tous fermés par la pandémie, leur économie a repris et donc la production.

Voilà donc l’histoire d’un bad buzz ou comment rassurer la population sur le déconfinement et se mettre sa cible à dos.

Le carré – Liège confinée – ©misteremma.com

Jour de confinement 46
Nous sommes à moins de 24h de la première phase du déconfinement en Belgique et à une semaine de celui en France où le Ministre de la santé Olivier Véran a mis en garde sa population sur un éventuel relâchement qui menacerait la date du 11 mai comme date de lever du confinement. #aiespeuretsoissage

Pendant ce temps, les enseignants tentent d’inventer un nouveau monde pour les bambins et cela ne semble pas évident de le mettre en pratique. Tout comme les commerçants où l’on vous annonce la fin de la flânerie dans les centres commerciaux, des files interminables pour y entrer au compte-gouttes, la présence obligatoire d’une personne à vos côtés qui vous accompagne afin que vous ne touchiez pas le packaging et le recours aux cotons-tiges à usage unique pour composer vote code secret sans toucher le terminal de paiement électronique. Ce sont les animaux marins qui vont être contents ! Gants chirurgicaux qui trainent dans les rues, production de masse de masques à usage unique, emballage à outrance des fruits et légumes, fin des transports en commun pour privilégier sa voiture afin d’éviter la contagion, je ne suis vraiment pas certain que cette pandémie soit un bien pour la sauvegarde de notre planète.

Finalement, les achats en ligne vont devenir le summum du plaisir consumériste.

Et la culture dans tout ça ? Elle est morte ! A ce rythme de distance sanitaire et de peur, je vois mal comment un café, un bar, une discothèque, un salle de concert pourraient ouvrir. Les tournages cinema sont à l’arrêt et menacent nos prochaines soirées d’une nouvelle rediffusion de la filmographie de Louis de Funès. Il nous restera la lecture et la radio car les lives sur le web (qui ne rapportent pas un sou à ses artistes à l’exception de l’aumône PayPal pour certain.e.s.) sont au plus mal. En effet, le plaisir du web n’est vraiment pas le même qu’une ambiance vécue in situ et les internautes l’ont bien compris. Les lives Facebook, Instagram et autres ont perdu plus de la moitié de leur audience en 6 semaines de confinement. De l’engouement du début, il ne reste plus que le cercle fermé des ultra-fans pour regarder un dj se trémousser seul devant ses platines.

Opéra Royal de Wallonie – Liège confinée – ©misteremma.com
Place Saint-Lambert – Liège confinée – ©misteremma.com
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